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Anne HOUDY


Lucien Lucien



Lucien, sept ans, vit avec sa mère qui n’a pas supporté le départ de son conjoint. Le roman est construit du point de vue de Lucien : « Le jour où papa a pété les plombs, maman n’a jamais pu remettre la lumière toute seule. Depuis, nous sommes dans le noir. Elle et moi. Au fond du couloir, il y a bien un compteur. Maman a toujours eu peur de l’électricité. Maman dit que je suis né d’un premier lit. Comment j’ai pu naître d’un lit ? Pourquoi pas d’un tabouret ? Maman n’aime pas le tabouret parce qu’il a des pieds, et qu’il est né sans bras pour la prendre et la serrer quand elle a peur. »

La mère de Lucien ne s’en sort pas. Elle est dépressive, cyclothymique  et toujours négative avec Lucien qu’elle considère comme un poids et une gêne dans sa vie :
« –Tu es encore le dernier. Décidément. Tu seras toujours le dernier. Le dernier partout. Allez, monte !
Elle me pousse dans le compartiment.
– Ça y est. Enfin ! C’est pas trop tôt. Allez, vite, je descends, je ne tiens pas à partir avec toi, dit-elle. Bonnes vacances, mon chéri. »

Elle ne sait pas l’aimer car elle est trop préoccupée par ses problèmes et une vie qu’elle rêve bien différente de ce qu’elle est. Ses propres problèmes existentiels ne lui permettent pas de donner une place à son fils pour lequel elle n’arrive pas à prodiguer de la tendresse et de l’amour. Elle le confie à la Croix-Rouge qui va l’emmener dans une famille d’accueil. Nous suivons le parcours de Lucien dans cette famille d’accueil bien étrange.

Anne Houdy a une écriture très poétique pour décrire la rudesse de cette situation, rugueuse et douloureuse : « Maman n’a pas retrouvé ses clefs. Elle est entrée dans la bouche du métro et le métro l’a avalée. En une seule bouchée. Et il l’a recrachée très loin sur le quai. Exprès pour qu’elle s’égare. Elle n’a pas retrouvé le chemin de la maison ; elle s’est perdue dans le couloir du métro, puis elle a perdu connaissance, toutes ses connaissances. »

Lucien sent qu’il faudrait s’occuper de sa mère mais il n’est pas en capacité de le faire, il est trop jeune du haut de ses sept ans. Il a le sentiment de la perdre puisqu’elle le perd sans cesse.

Anne Houdy joue beaucoup avec les mots comme peuvent le faire les enfants ce qui colore le roman de douceur et de sourires.

C’est un texte bouleversant sur cet enfant qui manque cruellement de tendresse et d’amour et qui doit survivre comme il peut dans un monde qui ne veut guère de lui.  

Brigitte Aubonnet 
(27/11/15)    



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Jeunesse







Alice Éditions

(Octobre 2014)
Collection Le chapelier fou
128 pages - 11,50 €






Photo © Anne Loubet
Anne Houdy

Bio-bibliographie sur
le site de l'auteur :
http://anne-houdy.fr/




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