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La dernière phrase du premier chapitre, prononcée par Margio, ne va pas nous éclairer beaucoup plus. « Ce n’est pas moi, dit ce dernier avec calme, en protestant de son innocence. Il y a un tigre dans mon corps. » Ce n’est pas un mobile très convaincant mais on comprend qu’on est en Indonésie, plus précisément sur l’île de Java, dans un village où les légendes et les croyances sont aussi fortes que la réalité. Et celle de la transmission par héritage du tigre familial n’a pas échappé à Margio. Il faut dire que la violence est au cœur des rapports entre les membres de cette famille, aussi bien entre mari et femme qu’entre père et fils. Mais c’est Anwar Sadat qu’il va assassiner et il est difficile d’en dire plus sur les raisons de ce meurtre sans trop dévoiler l’intrigue savamment construite par l’auteur qui, de chapitre en chapitre, remonte dans le passé des deux familles pour révéler les liens qui les unissent et dont la mort scellera le destin pour l’éternité comme dans une tragédie grecque. L’homme-tigre nous emmène au cœur de l’Indonésie, au milieu des rizières, des cocoteraies et des plantations de cacaotiers, dans un village où la famille de Margio vit dans une maison rafistolée qui leur appartient mais sur un terrain qui n’est pas à eux. La propriétaire, Ma Rabiah, laisse les gens s’installer sur ses terres puis démonter leur maison et partir ailleurs s’ils en ont envie. Komar arrive tout de même à acheter le terrain où est construite sa maison pour l’équivalent de cent vingt coupes de cheveux... Entre légendes et réalité sociale, ce roman alterne les pages sombres avec d’autres beaucoup plus lumineuses, la violence de Komar avec l’amour de Margio pour la jolie Maharani, et nous plonge dans un univers rural où l’on chasse le sanglier, non pour le manger puisque la religion l’interdit, mais pour le faire combattre contre les chiens et où l’on déménage dans une charrette tirée par des bœufs. Voilà un auteur à découvrir puisque ce roman est son premier traduit en français mais l’éditeur en annonce un autre à venir, beaucoup plus épais et foisonnant. À suivre... Serge Cabrol (01/10/15) |
Sommaire Lectures Sabine Wespieser (Septembre 2015) 256 pages - 21 € Folio (Septembre 2017) 288 pages - 7,20 € Roman traduit de l'indonésien par Étienne Naveau
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