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Mes trois garçons s'étaient attachés à cette grand-mère belge un peu braque, qui refusait d'être appelée mamie pour prendre le nom plus énigmatique de mouchka, qui signifie bonne-maman en russe, mais que ses petits-enfants derrière son dos surnommaient Mouche'. L'auteur évoque avec tendresse et humour la vie de sa mère aujourd'hui
âgée de plus de quatre-vingts ans. Au fil de souvenirs et d'anecdotes,
nous partageons les drames et les bonheurs qui ont constitué son existence. Des drames, Mouche' en a connu d'autres, comme la mort de son mari dans un
accident d'avion. Deux ans plus tard, c'est la mort de Clara, sa fille aînée, dans
un accident de voiture. Parfois, le sort semble s'acharner et le malheur bégaye...
L'auteur raconte aussi des épisodes de sa propre enfance, comme ces vacances à Cabourg dans la villa Double-Six et sa découverte de Proust quand ses premières règles l'ont privée de baignade avec ses cousines et l'ont obligée à garder la chambre. "À défaut de jambe cassée, je profitais de la station allongée qui n'était imposée pour briser la quarantaine où mon nouveau statut de femme m'avait plongée, et demandai à ma chipie de sur de me monter un des tomes de La Recherche qui se trouvait dans la bibliothèque du salon. [ ] Au fil des pages, j'entrevoyais un univers à l'avant-garde d'Amour, gloire et beauté : impitoyable, frivole et parfumé, où les baise-mains passionnés se substituaient à toutes les sucreries que j'avalais à longueur de journées." Elle nous présente divers membres de la famille qui compta même un cardinal. Certains titres de chapitres ajoutent des notes d'humour au récit : "À dix-sept ans, j'étais un pur-sang qui n'avait encore jamais couru, rien gagné, pas couché". "Je les aimais courageux, comme des petits sangliers des Ardennes"... Nostalgique avec légèreté, affectueux et ironique, coloré d'humour et de tendresse, voilà un bel exemple d'hommage d'un écrivain à sa mère, qui rappelle que l'amour filial n'est pas un grand fleuve tranquille et qui prouve que l'écriture, bien maîtrisée, permet de réussir de jolis portraits. Serge Cabrol (07/02/13) |
Sommaire Lectures Léo Scheer (Janvier 2013) 128 pages – 18 €
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