Retour à l'accueil du site





Patrick MODIANO

Pour que tu ne te perdes pas
dans le quartier




On entre souvent dans les romans de Patrick Modiano, comme dans l’atmosphère évanescente d’un souvenir ou peut-être même du rêve de ce souvenir.
Presque rien. Comme une piqûre d’insecte qui vous semble d’abord très légère. Du moins c’est ce que vous vous dîtes à voix basse pour vous rassurer. Ainsi commence Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier, le dernier roman de Patrick Modiano.
Il ne reste plus au lecteur qu’à se laisser aller au charme de l’écriture si sûrement reconnaissable de cet auteur, et aussi au charme de cette ambiance de demi-sommeil dans lequel nous plongent les 160 pages de ce roman.

Un inconnu retrouve le carnet d’adresses de Jean Daragane sous la banquette d’une brasserie de la Gare de Lyon. Un carnet dans lequel figure un nom oublié, le seul de ce répertoire dont le numéro de téléphone, celui d’une autre époque, ne comporte que sept chiffres.
Daragane tente de se souvenir qui peut être ce Guy Torstel dont il a noté le numéro (numéro qu’il a certainement recopié d’un carnet bien plus ancien où tous les numéros ne comptaient que sept chiffres), mais aucun souvenir ne s’éveille à l’énoncé de ce nom.
Pourquoi l’inconnu, ce Gilles Ottolini en lui rapportant son carnet perdu insiste-t-il pour que s’active sa mémoire et que reviennent les souvenirs ? Pourquoi est-il si pressé de connaître des détails sur l’identité de ce Torstel dont par indiscrétion il a lu le nom ?...
Tout s’était passé en douceur, un carnet d’adresses perdu, des voix au téléphone, un rendez-vous dans un café… Oui, tout avait la légèreté d’un rêve. (…) Il se trouvait brusquement en présence de certains détails de sa vie, mais reflétés dans une glace déformante, de ces détails décousus qui vous poursuivent les nuits de fièvre.
De ce seul nom, de ce mince détail comme on tire un fil dans le tissu d’une tapisserie, se dévoileront d’autres noms, des noms de lieux, de personnes, des noms d’un autre temps ; et de pièce égarée en pièce retrouvée, un ancien puzzle reconstituera l’image d’un passé oublié que je vous laisse le soin, cher lecteur, de découvrir.

Les romans de Patrick Modiano sont comme les grands crus, certaines années ils sont meilleurs que d’autres, Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier  compte parmi les crus des bonnes années.

David Nahmias 
(09/10/14)    
Visiter le site littéraire de David Nahmias : Les Trompettes Marines



Retour
Sommaire
Lectures










Gallimard

(Octobre 2014)
160 pages - 16,90 €





Patrick Modiano,
né en 1945, a publié une trentaine de livres et obtenu de nombreux prix dont le Goncourt en 1978
et, aujourd'hui, le Prix Nobel de Littérature 2014.


Bio-bibliographie
sur Wikipédia