Retour à l'accueil du site | ||||||||
C’est l’été à Oslo, les beaux quartiers se sont vidés, il ne reste plus que ceux qui ne peuvent pas partir, les clochards et les chauffeurs de taxi, les junkies et leurs dealers, les policiers et les truands dont l’introuvable parrain, le Jumeau. Et Sonny Lofthus qui est un prisonnier particulier à Staten, la prison d’Oslo, à la fois héroïmane, endosseur des crimes d’autrui et confesseur bouddhique des prisonniers. Sonny, lui naguère si brillant en classe, à la lutte ou à ski, a changé du tout au tout le jour où son père policier s’est suicidé en dévoilant qu’il était une taupe du fameux Jumeau. Mais voilà qu’un prisonnier, dans une confession, lui révèle que son père n’était pas une taupe mais un bon policier qui a été piégé. Alors Sonny de nouveau change du tout au tout et devient un justicier implacable qui entreprend de punir les vrais coupables, à l’image de son père qu’enfant il voulait égaler. Nous n’assistons à cette balade rebondissante à la fois justicière et vengeresse qu’à travers le point de vue d’une vingtaine de personnages comme Abdel Kari, Else qui est en train de devenir aveugle et son mari Simon, principal enquêteur, Hugo Nestor ou Pelle… Personnages où les « gentils » ont leur part d’ombre, où les "méchants" sont parfois bêtes, comme Kalle le dealer : « – Combien tu crois, toi ? » dit Kalle, énervé. Ces idiots n’étaient pas foutus de multiplier le nombre de doses par le prix. Dans cette branche, c’était difficile de trouver une main-d’œuvre de qualité. » Nous sommes devant cette histoire policière et aussi d’amour comme Markus, un enfant sans père lui aussi. « Il éprouvait un sentiment étrange à rester là à observer quelqu’un en sachant qu’il ne pouvait pas être vu ». C’est le point de vue de chacun des personnages qui mène la ronde de la narration. Il suffit de changer de perspective et l’endroit d’où l’on observe pour découvrir de nouvelles choses, expliqua-t-il. Tout aveuglement peut être compensé. » Dans ces regards en action, souvent pessimistes, – « Il n’existe que des croyants aveugles, nous, qui croyons à ce qu’on nous a appris enfant. Mais un jour, on comprend que le monde ne fonctionne pas comme ça. Que tout est ordure. Nous sommes tous des ordures. » – se pose la question de la filiation. Quel est le devoir du fils ? Être l’égal du père ou « meilleur que le père » ? Michel Lansade En même temps que le livre paraît un double CD où le texte est lu par Frédéric Dimnet. L'interprétation est très expressive. Émotions garanties. Un régal pour les heures de route ou les nuits sans sommeil... Gallimard Collection écoutez lire |
Sommaire Noir & polar Gallimard / Série Noire (Octobre 2015) 528 pages - 21 € Traduit du norvégien par Hélène Hervieu
Bio-bibliographie sur Wikipédia Découvrir sur notre site un autre roman du même auteur : Du sang sur la glace |
||||||