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Deux quêtes historiques constituent ce roman ; celle autour de l’arbre généalogique de la famille Bartolome, petits pêcheurs en pays basque espagnol depuis 1630 jusqu’à nos jours ; et celle de Roberto Diaz Uribe, artiste peintre issu de cette famille, disparu en 1961. La narratrice est une jeune fille, Atanasia Bartolome, qui à l’âge de 13 ans, découvre les tableaux de Roberto Diaz Uribe dans une exposition où l’emmène sa professeure d’histoire de l’art. Nous sommes en 1983, la fin du franquisme est encore proche, l’exposition « Mon corps mis à nu » est considérée comme une provocation. « Je ne connaissais rien à rien. Seulement le temps long de la dictature, sa queue de comète, et la mémoire tronquée. Nous n’avions jamais encore eu l’occasion de visiter dans le cadre scolaire autre chose qu’une église de jésuites. » La narratrice est bouleversée par la représentation de ce corps alangui, féminin et animal, sensuel. Son intérêt pour ce peintre devient une obsession qui va « constituer sa vie » jusqu’à ce qu’elle connaisse tout de la vie de ce peintre. Et pour cela elle va voler des livres, rechercher toutes les traces laissées par ce peintre énigmatique et même partir à 18 ans à Paris pour interroger son plus éminent spécialiste, un professeur aux Beaux-Arts, haut en couleur. La quête familiale des ancêtres Bartolome est reconstituée à partir du témoignage de la grand-mère de la narratrice : Esperanza. Ces deux quêtes s’interpénètrent, s’entrechoquent pour perdre momentanément le lecteur dans des époques et des régions fort distantes. En 1875 un ancêtre Bartolome, Gabriel, devient le secrétaire de Pierre Savorgnan de Brazza dans ses expéditions congolaises et participe à leur chasse aux navires négriers, au rachat des esclaves pour les rendre libres. C’est ainsi que l’on assiste aux massacres commis par les Français en Afrique au nom des « valeurs civilisatrices de la colonisation ». « Ils arrivèrent en 1905 à Brazzaville puis parcoururent le Gabon, le Congo, l’Oubangui et collectèrent des témoignages d’horreurs hors de toute proportion, […] ils virent les ruines incendiées des villages, ils virent les sépultures de ceux qui avaient été noyés, assiégés, enchainés, décapités, c’était comme suivre le sillage d’un grand prédateur imaginatif qui aurait détruit toute forme de vie sur son passage. » « Ce qu’ils virent là-bas dépassa leurs cauchemars. » Comme on le voit la fiction et l’histoire se mêlent. Les énigmes nous maintiennent en haleine ; pourquoi tous ceux qui approchent ou enquêtent sur le peintre s’effacent ou disparaissent ? Où se trouve l’île appelée Barsonetta ? La quête d’Atanasia va nous emmener très loin dans le temps et dans l’espace dans une langue foisonnante et colorée auprès de multiples personnages. Nadine Dutier (12/09/16) |
Sommaire Lectures Flammarion (Août 2016) 352 pages - 20 €
Wikipédia d'autres romans du même auteur : Des vies d'oiseaux La grâce des brigands |
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