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Michèle PERRET

Les arbres ne nous oublient pas


            Si beaucoup d’arbres sont morts, si l’allée de noyers semble avoir été arrachée, s’il n’y a plus d’orangers ni de trembles, ce sont quand même surtout les arbres qui persistent, survivent et se souviennent le mieux. 

            C’était au mois de mai 2015 et, dans les hauteurs de Tlemcen, on vendait des cerises. C’est dans ce mois de mai, si chaud qu’il y a de la brume, que Michèle Perret, est en Algérie, dans ce pays qu’elle a quitté quelque soixante ans plus tôt.

            Dans quel pays retourne-t-elle ?   « Bienvenue chez vous ! » me dira-t-on souvent, avec cette généreuse hospitalité traditionnelle – de même que beaucoup de mes lecteurs algériens m’appellent affectueusement bent bladi (fille de chez nous). Mais ce n’est pas vrai, je ne suis pas chez moi ici, je suis, tout au plus, invitée chez vous. Soixante ans de souvenirs atroces ou joyeux qui ne sont aucunement les miens ont modelé votre monde. 

            Dans ce « retour au pays natal » elle passe par Oran et Sfisef pour aboutir à la ferme Saint-Jean en notant les permanences et les changements. Par groupes de trois ou quatre, elles sont pimpantes et rieuses comme l’étaient les filles pied-noires, il y a plus de cinquante ans. Culture différente, tenues différentes, mais le goût d’être jolies, éclatantes dans le soleil est le même. […]  Et la population semble développer un incroyable appétit de bonheur. Même si tout n’est pas parfait, le pays est en plein essor, les marchés regorgent de somptueux légumes, les abords des villes sont déjà bien garnis de concessionnaires de grandes marques automobiles, les routes sont belles, les champs soignés, les villes que j’ai visitées pleines de restaurants, de cafés, de glaciers. 

            En s’approchant de la ferme, la ferme de son père, de son grand-père, de son arrière grand-père, le souvenir devient réalité. Peu à peu, la ferme dont j’avais fait « une terre de vent », un lieu de fiction, redevenait pour moi une ferme réelle, délabrée mais encore présente.  Elle n’a aucune acrimonie devant les changements, à la fois un certain délabrement et un « relooking » des pièces, elle ressent simplement le plaisir de retrouver les lieux réels de sa fiction, le charme de Saint-Jean et de passer un étonnant relais d’enfance avec une petite fille : Un jour, elle aussi devra quitter ce monde d’enfance tant aimé, mais elle ne s’en doute pas encore. Pour le moment, elle s’imprègne de son bonheur. 

            Ce livre plaira en premier lieu aux pieds-noirs et aux Algériens, mais aussi à tous ceux qui ont perdu une maison d’enfance ou qui ont dû quitter une région, tant le temps de l’enfance n’a pas de nationalité.

Michel Lansade 
(09/01/16)    



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Lectures








Chèvre-feuille étoilée

(Janvier 2016)
140 pages - 15 €





Michèle Perret,
née à Oran, a vécu en Algérie jusqu'en 1955. Professeur de linguistique médiévale, elle a publié
de nombreux livres
scientifiques ou littéraires.


Bio-bibliographie
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