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Chantal PORTILLO


Tsigane-Oiseau



Au pied du Canigou, dans un campement manouche, vivent trois frères, Le Zébré, Le Rouquin tous les deux jumeaux et le plus petit surnommé L’Oiseau. Ils vivent chez leur grand-mère, Chaga La Pythie, car leurs parents sont morts dans un accident de voiture.

Les deux jumeaux sont passionnés par les combats de coq surtout Le Zébré fasciné par le sang, la mort, la force masculine. L’Oiseau n’aime pas cela, il s’oppose aussi à la chasse aux oiseaux que pratiquent ses frères. Il va soigner et prendre soin d’un oiseau blessé Danseuse puis il s’occupera d’un coq amputé d’une patte lors d’un combat mortel entre les deux coqs de ses frères. L’Oiseau veut devenir vétérinaire…

« J'ai toujours eu peur des combats, je tremble dès qu'un poing menace. Mais un combat de coqs n'est pas un combat comme les autres, affirment mes frères, c'est un combat sacré, un combat à mort.
Je n'aimais pas particulièrement les coqs, je m'en méfiais comme je me méfie de tous les tueurs. Ils étaient tenus en cage au bout du campement et je ne m'en approchais pas. J'étais venu à reculons, je n'avais, une fois de plus, guère eu le choix, les jumeaux m'avaient embarqué sur un On a deux coqs au combat, on y va, bouge-toi, il faut que tu deviennes un homme. »

Chantal Portillo nous permet de vivre au rythme des Tsiganes, de leur musique, de leurs déplacements et ainsi de mieux les comprendre. Souvent rejetés, accusés de tous les maux, nous percevons toute la richesse de leurs solidarités, de leur amour de la liberté, du grand air.

Dans un monde où chacun se replie sur soi, sur sa communauté, il est essentiel de créer ainsi des ponts pour se rencontrer, mieux se connaitre, mieux se comprendre et tenter d’éviter ces peurs, ces haines, ces exclusions, ces luttes qui ne mènent qu’à l’appauvrissement des cultures de chacun et à l’amoindrissement de la liberté pour tous.

Chantal Portillo rend aussi hommage au Père André Barthélémy dit Yoska, qui a été aumônier des Gens du voyage pendant plusieurs années dans les années 70. « Depuis des années, il venait chaque jour et s'installait à une table en plein air. Les Tsiganes peuvent dire eux-mêmes ce qu'ils sont, ce qu'ils souhaitent. Vous êtes maltraités, apprenez à mieux vous traiter, apprenez à lire, à écrire. C'est une bonne manière de vous faire respecter. L'illettrisme est un fléau dans une société où règnent la prééminence et la domination de l'écrit, si vous ne savez pas lire ni écrire, vous vous trouvez relégué au rang d'ignorant et on vous traite comme un sous homme. Il parlait tsigane avec son accent rocailleux, il s'adressait à nous avec des gestes amples, fraternels, mais énergiques. Il nous secouait, il voulait nous faire sortir de cette place de victimes de la société, ou au moins d'incompris. »

Un très beau roman, porté par l’écriture chargée de tendresse et de violence de Chantal Portillo qui sait nous mener dans différents univers de livre en livre, toujours avec la grande humanité qui l’anime. 

Brigitte Aubonnet 
(30/04/16)    



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Lectures




Arcadia
156 pages - 15 €







Chantal Portillo,
romancière, nouvelliste, essayiste et art-thérapeute, a déjà publié une quinzaine de livres. Tsigane-Oiseau est son sixième roman.

Visiter son site :
www.chantal-
portillo.com






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