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Francis RYCK


Paris va mourir



Les éditions French Pulp ont la bonne idée de rééditer des auteurs quasiment oubliés aujourd’hui et dont on dévorait pourtant avec frénésie les polars ou la science-fiction dans les années 70, des auteurs qui ont publié des dizaines, voire des centaines d’ouvrages à la Série Noire, au Fleuve Noir ou ailleurs.

Il est très étrange de lire aujourd’hui ce roman de Francis Ryck publié pour la première fois en 1969 et qui évoque une série d’attentats, notamment à Paris. Le djihadisme n’était pas en cause à l’époque mais d’autres intégrismes et d’autres folies meurtrières en faisaient office. Fort heureusement, ils trouvaient face à eux des héros courageux et déterminés prêts à les combattre jusqu’à la mort et dont on suit les aventures avec un plaisir toujours aussi grand. Ici, le héros s’appelle Roc et nous comptons sur lui pour enrayer la spirale infernale de ces tueries monstrueuses. Nous savons très vite qui commet les attentats mais l’enjeu est de savoir qui les organise et pourquoi. La neutralisation des exécutants aussitôt remplacés par d’autres n’arrêterait pas le projet en cours de réalisation. Il faut trouver où est la tête...

Le roman s’ouvre sur une promenade en bateau-mouche. Tout est parfait jusqu’au pont Alexandre III d’où quelqu’un jette un objet sur le bateau. C’est rapide, presque imperceptible, mais en quelques secondes c’est une scène de guerre.
La police judiciaire et les renseignements généraux n’avaient ni indices ni informations. D’où cela peut-il venir ?

Au même moment, un message circule entre l’ambassade de France à Genève, le ministère des affaires étrangères et les services secrets. Il est question d’un agitateur communiste lié aux services de renseignements de Chine Populaire détaché en mission à Paris pour contacter un nouveau réseau opérationnel créé en vue d’une action terroriste. Il sera dans le train Zurich-Paris du 12 octobre à 11h45.

L’homme n’est pas difficile à intercepter – et pour cause (mais on ne va tout dire !) – et Roc, un agent français, va prendre sa place pour infiltrer ce nouveau réseau en construction dont le premier méfait a été l’attentat sur le bateau-mouche.

Toujours dans la crainte d’être démasqué (qui crée un suspense jusqu’à la fin du livre), Roc entre dans une « équipe » constituée de quatre jeunes, deux garçons et deux filles, isolés du monde par le cloisonnement rigoureux de « l’organisation », prêts à mourir pour la cause qu’ils ont choisie (ou pour laquelle ils ont été choisis).

Quelle organisation ? Quelle cause ? Qui dirige et pourquoi ? C’est ce que Roc est censé découvrir tout en participant aux actions de « l’équipe » dont il fait partie...

La description de ces quatre jeunes, leurs rapports, leur état d’esprit, leurs motivations, la manipulation dont ils sont les objets aussi inconscients que consentants, le peu de cas qu’ils font de leur vie totalement livrée à « la cause », est tout à fait transférable de l’activisme des années soixante au djihadisme d’aujourd’hui.

Voilà un thriller qui conserve toute son actualité et qu’on dévore avec autant de curiosité et d’intérêt que d’effroi. Le roman noir a toujours été et reste un passionnant témoignage sur l’état des sociétés et les mécanismes psychologiques qui peuvent mener au crime et à la barbarie. Le choix de ce titre parmi les dizaines écrits par Francis Ryck est une bonne idée et donne envie de redécouvrir d’autres romans de cet auteur injustement oublié qui a pourtant été adapté une dizaine de fois au cinéma, notamment par Jean Delannoy, Claude Pinoteau, Robert Enrico ou Costa-Gavras et dont les héros ont été interprétés par Lino Ventura, Jacques Villeret ou Fabrice Lucchini...

Serge Cabrol 
(09/12/16)    



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Noir & polar








French Pulp
(Novembre 2016)
208 pages - 9,50 €







Francis Ryck

(1920-2007)
a publié plusieurs dizaines de romans dont certains ont été adaptés au cinéma.


Bio-bibliographie sur
Wikipédia





Série Noire 1969