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Doudeauville a été gravement blessé en janvier 1789 et
depuis, il avait peu à peu recouvré la mobilité puis
l'usage de son corps mais, portant corset et s'aidant d'une canne à pommeau,
sorte de trique noueuse à la jacobine, il avait hérité
d'une certaine raideur dans le maintien qui s'accentuait avec la fatigue. Ce jour-là, Doudeauville dicte à Coursault un courrier pour son ami Sébastien Bréhal installé à Boston. Dans une précédente lettre, Doudeauville avait évoqué l'exhumation, en octobre 93, des cadavres des rois et reines enterrés à Saint-Denis. Bréhal a demandé des détails sur ces événements et Doudeauville a réussi à trouver un témoin prêt à raconter en détails ce qui s'est passé dans la nécropole royale. Ce témoin est Ferdinand Gautier, organiste de la basilique Saint-Denis.
Il doit venir le lendemain, dimanche 5 janvier, pour commencer le récit
de ce qu'il a vu. Pour tout dire cet accord entre les deux hommes relevait
d'un véritable tour de force, car Gautier, fervent catholique, était
un royaliste convaincu et n'évoquait le nom de Robespierre qu'en lui
collant l'étiquette d'infâme ! C'est le récit de Gautier, devant Doudeauville et Maisonneuve, et copié au fur et à mesure par Coursault, qui constitue l'essentiel du roman. Gautier va venir tous les matins de Saint-Denis, pendant une semaine, poursuivre son macabre feuilleton. Tout avait commencé par un décret de l'Assemblée en août 1792. Un des considérants de ce décret portait que la nation était en péril et manquait des canons nécessaires à sa défense ; qu'il fallait nommer des commissaires qui se transporteraient à Saint-Denis à l'effet de procéder à l'exhumation des ci-devant rois et reines, princes et princesses, que leurs cercueils seraient fondus puis envoyés dans les ateliers nationaux pour être convertis en armes et munitions de guerre. Toute l'histoire de France défile dans les propos de Gautier depuis
les tombeaux des Mérovingiens jusqu'à celui de Louis XV. L'organiste
cite tous les noms et décrit l'état dans lequel on retrouve les
différents corps selon la qualité de l'embaumement. Hommes, femmes, enfants, quarante-deux rois, trente-deux reines, soixante-trois princes et princesses ont été jetés
dans les fosses communes de Saint-Denis. Valère Staraselski, par sa mise en scène, la présence et les discussions parfois animées de Doudeauville et Maisonseule, rend passionnant, pour tous les amateurs d'histoire, le récit de l'organiste Ferdinand Gautier qui, lui, est un personnage bien réel. Serge Cabrol (10/10/13) |
Sommaire Lectures Cherche Midi (Août 2013) 240 pages - 16 €
Visiter le site de l'auteur : www.valere staraselski.net |
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