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Gio, Irène, Monika la prostituée, Joe le breton les tenanciers du bar, Marlène, et les autres se sont finalement installés près du port du Havre. « Rescapés, on ne sait de quelle enfance, de quelle mauvaise affaire, de quel vent de travers », ils ont roulé leur bosse de façon plus ou moins réussie, ont écorné leurs rêves mais sont prêts à vivre ensemble d'autres aventures. En bord de mer, en bord de vie, toujours en marge, sans plan de carrière ou d'avenir, prêts à tout pour se sentir vivants et vibrer un peu, ils se tiennent chaud. « Nous n'avons rien à donner sinon notre amour impossible de la vie. [...] Pas pour nous les certitudes des gens bien nous avons toujours l'imagination en éveil la volonté en sommeil. » Marion file donc voir son frère tous les week-ends. Elle a été immédiatement adoptée par cette étrange et chaleureuse communauté et Gio semble déjà aller un peu mieux.
Ce roman d’atmosphère est porté par une écriture singulière, indomptée, à l'image de ce petit monde portuaire que l'auteur nous fait découvrir. Pas plus de ponctuation dans ces phrases courtes qui s’enchaînent au rythme de la houle (celle de la mer proche et celle de l'alcool qui fait chavirer les corps en fin de nuit) que de bornes dans ces vies folles, cabossées mais libres. Le récit capé au fil des émotions suit les revirements de pensée, les hésitations ou les désordres des personnages avec la poésie de l'urgence qui habite ces sans-avenir. C'est alors sans peine que Françoise Truffaut nous embarque aux côtés de Gio, Marion, Irène et leur tribu dans ce vieux rafiot qui tangue, nous y offrant la place privilégiée de spectateur face à ces vies hors normes où la tendresse et la générosité l'emportent le plus souvent sur le désespoir, dans cette ville du Havre qui prend ici la place d'un personnage à part entière. Un premier roman original, sensible et efficace à découvrir. Dominique Baillon-Lalande (28/07/16) |
Sommaire Lectures Rue du Départ (Mai 2016) 132 pages - 15 € |
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