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Maryse VANNIER

Un jour, je partirai


Beaucoup d'univers différents et de personnages émouvants peuplent le recueil.

Le passé hante le présent d'un homme qui a assisté à un drame durant son enfance : "Il repose l'oreiller sur le matelas et glisse le révolver dessous. Il a repris ses esprits. Les battements de son cœur ont fini de sonner la chamade. Ce n'est pas la première fois qu'une crise d'angoisse l'extirpe d'un sommeil agité et superficiel. Il sait qu'il ne pourra se rendormir. La veste de son pyjama est humide de sueur. Il a froid."

Une femme retourne en Nouvelle Calédonie avec son mari des années après leur voyage de noce…

Deux femmes travaillent dans une maison de retraite pour artistes : "Le long des commissures de ses lèvres glisse une moustache blanche, sensuelle. Il m'a souri et aussitôt la neige a fondu. Entre les plis de sa peau, j'ai trouvé de l'amitié."

Deux oiseaux sont confrontés à une éruption volcanique.

Un homme et une femme de 70 et 65 ans se rencontrent dans une bibliothèque… "Il a rencontré Annie mercredi dernier entre les rayons de la bibliothèque. Il la connaissait de vue mais n'avait jamais eu l'occasion de lui parler. Il cherchait un livre de Pierre Michon. Un Creusois, lui aussi. Ses livres lui parlent du pays, de son enfance rude et glacée. Annie cherchait L'Annonce, le dernier-né de Marie-Hélène Lafon. Pour les mêmes raisons que lui. Ils ont échangé quelques mots et ont découvert qu'ils sont presque "pays". C'est comme ça qu'on disait, là-haut. Elle est née tout près d'Aurillac."

Une personne observe une famille de sa fenêtre…

Un couple sur le Pont Mirabeau vit un moment bien particulier : "Qu'allait-il sortir du sac ? Je ne le quittais pas des yeux. Il redressa un objet et le cala. Il appuya le sac contre sa poitrine et l'entoura de ses bras. Ses gestes étaient empreints d'une tendresse qui excluait l'éventualité d'un acte terroriste."

Une fillette habite rue du cimetière et avec sa grand-mère, elle voit passer les enterrements.

Un enfant vit avec une mère mexicaine et un père français. Il va revenir en France avec son père. Sa mère restera au Mexique : "Un flamenco sauvage la possédait. Je n'existais plus pour elle. Seulement quelques accords de la main gauche pour tenter de la ramener à moi. Elle s'échappait, happée par un autre monde. Je tremblais d'angoisse, face à cette fuite indomptable."

Un jeune garçon passe sa vie de Garches à Berk et d'opérations en opérations : "Avais-je grandi ? Je l'ignorais. Il aurait fallu se tenir droit, sous la toise, pour mesurer. Mon corps du haut était vivant, joyeux quelquefois. Je pouvais lire, écrire, caresser les mains trop rares d'Anne-Marie. Mon corps du bas était ce tronc de chêne emprisonné dans son écorce."

La vie en couple n'est pas toujours facile pour que chacun garde son indépendance.

Deux jumeaux fusionnels peignent ensemble. Il n'est pas simple de construire différemment leurs vies.

Voir vieillir leur mère affecte deux sœurs qui vont la voir régulièrement.

Les Touareg ont du mal à défendre leur territoire convoité par tant de personnes : "Abdou, le mois de janvier approche. Cette année, tu conduiras mon frère Fihrun à Essouk pour la Fête du Désert. Maintenant que notre père est mort, tu dois être son guide. Fihrun a 22 ans ; rien des dromadaires ne lui est étranger, il a conduit le troupeau en transhumance, il a aidé les femelles à mettre bas. Il est temps pour lui de connaître la route des ancêtres et l'histoire de notre civilisation."

Une étudiante Kanak revient dans son village après des études en France où elle a recherché des documents sur l'histoire de sa famille. Nous apprenons beaucoup sur ce qui s'est passé au moment de la première guerre mondiale et de l'exposition coloniale : "Ils ont été embarqués le 15 janvier sur le "Ville de Verdun" à destination de Marseille. Le voyage a été long et pénible, c'est la saison des tempêtes et des cyclones. Lors de l'escale au Vanuatu, à l'époque les Nouvelles-Hébrides, certains ont contracté la malaria. Trois en sont morts. Leurs corps ont été jetés par-dessus bord au mépris de nos traditions. Hoija et ses compagnons sont arrivés à Marseille début avril. 11 pleuvait et il faisait froid. Des camions militaires les ont conduits à la gare Saint-Charles où ils ont pris le train pour Paris."

Le rêve et la réalité s'entremêlent dans la dernière nouvelle.

Un très bon moment de lecture grâce à une écriture fluide. Les thèmes impliqués dans l'histoire des individus et du monde sont enrichissants. La forme et le fond se marient bien et donne une bonne dynamique à ce recueil.

Brigitte Aubonnet 
(14/06/13)    



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Éditions de Janus
154 pages – 15 €











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