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Thomas VINAU


Bleu de travail



De courts poèmes en prose (un par page), mélancoliques ou lumineux, tendres ou moqueurs, qui parlent de tout et rien s'adressant tantôt à  notre esprit, tantôt à nos sens, et nous entraînent dans une irrésistible rêverie poétique.
Une chronique du temps qui évoque les aléas du quotidien, l'importance des choses qui paraissent insignifiantes et peuvent pourtant bouleverser, la nature, nos luttes et nos espoirs « tapis derrière la multitude de nos abandons », les petits bonheurs qui malgré tout y trouvent place.
« Les pigeons gorgés de brouillard qui traversent un ciel sans question. Et les petits jours blancs dans le crachin de rien. Les matins mal coiffés. le désordre des petites lumières. La belle vie dans des chaussettes mouillées. »
 Voilà ce que nous offre ce recueil, entre profondeur et fragilité, avec son bouquet d'impressions, d'instants suspendus, d'éclats qui allument chez le lecteur émotion, trouble et réflexion sur ce temps qui passe, la beauté du ciel et la boue qui colle aux semelles.
« Un jour ou l’autre tu te rends compte qu’il y a un monde autour de toi. Et que ce monde est en train de hurler. »

Un hommage aussi à d'autres comme Pierre Autin-Grenier ou Jean-Claude Pirotte, mentionnant avec modestie ce qu'ils lui ont appris.
« Il y a l'usure des mots. Des mots de tous les jours. Des mots de petit jour. Des mots dont on se sert, jusqu'à la corde. Jusqu'à la patine du sens. La rondeur de l'usure. La trace sur le manche. C'est matière première, brute, de l'échange. De la guerre. De la consolation. Qui disent la blessure. Qui disent l'évidence. Qui disent l'essentiel. Simplement le poème ou le texte les remet au centre. Leur redonne une place. Un peu d'espace. »

Des fragments précis et délicats empreints de sagesse, de doute ou  d’interrogation, que l'on peut lire au compte-gouttes quand le temps manque si on ne se fait pas happer par ce rythme étonnant et cette écriture envoûtante sans décrocher avant d'avoir lu la dernière page comme cela m'est arrivé. Un pur plaisir de la langue et un festival de sensations. Un bonheur rare à ne pas laisser passer !

« Je m'égare dans le grand rien des jours vendus. Dans l'épuisement et la colère. Entre l'ennui et les ennuis. Dernières forces les bras dans le vide. Des coups pour rien. Des balles perdues. (…) C'est jamais les méchants qui prennent. Le courant va plus fort que nous. La mascarade a des angles pointus. Les loups ont faim comme des nouveaux-nés. Parfois on se réveille à genoux. Le temps rit avec méchanceté et je suis con comme une bûche. Heureusement les bûches ça flotte. Alors, s'il vous plaît, agrippez-vous ».

Dominique Baillon-Lalande 
(02/07/16)    



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Poésie









La fosse aux ours

88 pages, 13 €







Thomas Vinau,
né à Toulouse en 1978,
a déjà publié une vingtaine de livres (romans, poésie, jeunesse).


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