Retour à l'accueil du site





Christophe CARLIER

Ressentiments distingués


Le roman se situe dans une île, lieu clos où tout le monde se connaît et se croise régulièrement. Tout est tranquille au milieu de l’océan et de ses magnifiques lumières mais aussi des tempêtes qui viennent parfois troubler le calme. Le facteur est de plus en plus lent pour faire sa tournée car il a de l’arthrose. Parfois, il arrive très tard pour déposer le courrier même s’il n’a pas toujours beaucoup de lettres à distribuer. « Le facteur souffrait d'arthrose et, son mal empirant avec les années, le courrier arrivait de plus en plus tard sur l'île. Ceux qui, quelques années plus tôt, lui préparaient une tasse de café quand ils entendaient au loin sur le chemin le timbre de sa bicyclette l'attendaient désormais pour l'apéritif. Ils en souriaient plutôt que de s'en plaindre, car l'heure de la tournée n'intéresse pas grand monde. Nul n'envoie plus de lettres d'amour et les factures viennent toujours trop tôt. »

Un jour, il dépose une carte chez Théodore qui ne reçoit jamais de courrier. Celui-ci n’en parlera à personne car c’est une carte anonyme avec seulement deux phrases. Et ce n’est qu’un début. Les lettres anonymes vont arriver peu à peu et semer le doute et la suspicion dans l’île. Personne n’en parle jusqu’au jour où une femme va oser le faire :
« – J'ai reçu hier une carte postale que son auteur a oublié de signer, lança-t-elle, sûre de son effet. Il ne doit pourtant pas nous être inconnu, puisque l'enveloppe a été postée sur l'île. »  
Et toutes ces lettres sont chargées de questions et d’accusations. L’ambiance va changer, tout le monde va se méfier de tout le monde. Qui peut être le corbeau ? Nous sommes pris aussi par une certaine angoisse comme si le ressac de la mer apportait des embruns chargés des mots qui piquent les uns après les autres tous les habitants de l’Ile.

Nous allons découvrir différents personnages avec leurs personnalités, leurs travers, leurs angoisses, leurs silences, leurs ennuis.  « Chacun songe aux secrets des familles, aux liaisons douces et maudites, aux penchants inavoués, que le temps finit parfois par mettre au jour. » Le silence est de mise sur l’île jusqu’au jour où « Solange, qui étouffait depuis des années sur l’île, décida de libérer la parole des silencieux. » Elle va créer un « club de parole ».
De plus, Emilie, jouera la corneille en envoyant des cartes bienveillantes dans l’univers insulaire devenu bien complexe mais qui est aussi bien particulier : « L'immensité, sur l'île, ne surprend plus personne. Elle fait partie du quotidien. On contemple l'infini chaque matin en bâillant, et chaque soir, en sortant sa poubelle. C'est un privilège qui peut rendre fou. Car l'immensité n'empêche pas le confinement. Ce sont toujours les mêmes personnes qui se croisent et se saluent aux carrefours. L'esprit s'égare au loin, mais la promenade est bornée. » La deuxième partie du roman nous permettra de comprendre qui est le corbeau et quel était son objectif.    

Le suspense est maintenu tout au long du roman grâce à une écriture qui révèle par petites touches les émotions et les sentiments de chacun.

C’est un très beau roman sur un lieu étonnant avec toutes ses beautés et ses contradictions.   

Brigitte Aubonnet 
(15/02/17)    



Retour
Sommaire
Lectures









Phébus

(Janvier 2017)
176 pages - 16 €







Christophe Carlier,
né en 1960, a déjà publié une douzaine de livres.



Bio-bibliographie sur
Wikipédia




Découvrir sur notre site
un autre roman
du même auteur :
L'euphorie des marchés