Angelina a quitté Madagascar avec son frère Célestin et ses parents qui voulaient trouver du travail à Mayotte, mais les deux enfants ont vu l’embarcation de leurs parents, plus grosse que celle où ils se trouvaient, être engloutie par une grosse vague. Ils ont été recueillis dans une famille où Angelina va travailler. Elle est persuadée que ses parents ne sont pas morts mais leur vie sera bien difficile : « Mais qui donc s'inquiéterait d'Angelina Mananjara ? Après tout, elle n'était rien pour personne. Elle n'existait pas. Elle n'avait même pas de parents, pas de famille. Elle faisait partie de ces milliers d'enfants orphelins qui hantaient les rues de Mayotte. Le jour de son inscription au collège, elle avait donné le nom de Mme Ichati, comme tutrice. Le surveillant n'avait pas posé de question. »
Un jour, en revenant de l’école, la maison de Mme Ichati, la dame qui les a recueillis, est en feu et elle accuse Angelina d’avoir laissé une lampe à pétrole qui a embrasé la maison.
Angelina et son frère doivent se sauver et commence un long périple pour Angelina qui tente de retourner dans son village natal de Madagascar, en laissant Célestin à Mayotte, car elle rêve de retrouver ses parents. Elle travaille dans différents lieux où elle se fera exploiter pour rembourser le prêt que ses parents auraient fait pour partir ainsi que le prix de son voyage pour revenir dans son île d’origine. Johanna, qui aurait l’âge d’être sa grand-mère, la conseillera :
« Johanna se tut d'un coup. Des souvenirs douloureux venaient de resurgir dans sa tête. Elle tourna les yeux vers Angelina.
– Tu devras te méfier des vieux Vazahas qui viennent au bar tous les soirs...
– Les vieux Vazahas ?
– Oui. Tu sais ce qu'ils viennent chercher dans les hôtels ?
Angelina savait. Tout le monde savait. C'était pareil à Mayotte. De jeunes Comoriennes et Malgaches clandestines se prostituaient pour assurer leur survie et celle de leur famille. Certaines avaient à peine douze ans. »
Angelina s’inquiète pour son petit frère qu’elle a laissé à Mayotte et elle mettra de nombreuses années à le retrouver après de multiples aventures qui nous révèlent l’exploitation dont sont victimes les enfants de pays pauvres embauchés par des familles des pays riches pour des salaires de misère et dans des conditions parfois terribles.
C’est un très beau roman sur le courage de cette toute jeune fille de 13 ans qui devra affronter bien des épreuves dans un monde sans pitié où heureusement de belles personnes généreuses l’aideront dans son parcours pour qu’elle puisse vivre sa vie avec un peu plus de bonheurs.
À la fin de l’ouvrage, un lexique définit quelques mots utilisés à Mayotte ou à Madagascar.
Brigitte Aubonnet
(18/03/17)