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Daniel DE BRUYCKER & Maximilien DAUBER


Exode


Chantent les caravaniers, en souvenir de leurs meilleures années...
Chaque nuit je les entends encore.
Parce que chaque nuit je défie le désert avec eux...

Giulio Angioni

 

Il y a bien deux auteurs à ce « carnet poétique » tant les photos ocre et bleu du désert de Maximilien Dauber bavardent avec le poème de Daniel De Bruycker, avance au même pas régulier que le texte. Une photo toutes les trois phrases, chaque phrase composée de trois tercets. Si bien que l'on voit la plaine énigmatique : « De gros rochers jonchaient la lande », « de hautes montagnes toujours au loin », « une falaise entr’aperçue dans l’aube »...

« Exode », déplacement massif de population, impose le « nous » du groupe. C'est la relation du déplacement qui nous est faite avec l'emploi du passé. La « caravane » du livre est composée de « dromadaires », les photos, et d'humains, les phrases, et traverse le désert de la page blanche...

Le désert si étonnant :
Tout ici était saisissant
le sol, l'espace, les ombres
et, plus encore, d’être du nombre

ou encore
Le sol nu, semé de faux plats
l’air sans couleur, impalpable, muet
et jusqu'au ciel strié d'absence

Tout nous frappait
par un air d'imprévu, d’arbitraire,
d'inventé pour nous seuls

Plus il était ardu d'y croire
plus il devenait difficile
de ne pas y prêter foi.

On ne sait pas pourquoi ce groupe se déplace, on ne sait pas où il va. Ils ne le savent pas non plus :
Nous ne savions pas ce que nous désirions
pour venir en ces terres arides
sous ce ciel absent

Ayant des jambes nous marchions…
De pas en pas, nous avancions...
Jusqu'où, nous l'ignorions...

C'est l'exode pur, le cheminement pour un ailleurs et ce cheminement est éprouvant et inquiétant :
De l’ombre tout le jour
nous tournait lentement autour
à la façon d'un charognard

Le cheminement se fait jusqu'à une arrivée qui marquera le début d'une renaissance.
Un jour enfin parut une oasis
Nous pressâmes le pas
certains d'entrer dans un mirage

Avec Exode on songe à ce qu'ont enduré tous ceux partis de chez eux pour une question de survie et si on sait que le désert est inhospitalier, l'exode en soi, avec tout ce qu'on laisse, une fois la porte fermée, est un désert.

Michel Lansade 
(02/08/17)    



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Poésie

















Les Carnets du
Dessert de Lune

(Mars 2017)
80 pages - 16 €






Poèmes
Daniel De Bruycker




Photos
Maximilien Dauber