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L'itinéraire d'une fillette de Bulgarie de la dictature de la fin des années 1980 au post-communisme à travers sept années, de son entrée à l'école à sept ans à ses quatorze ans lors de la chute du mur de Berlin. La fillette qui entre à l’école Iouri-Gagarine se prend aussitôt de passion pour l'histoire de la conquête spatiale et son héros. Elle décide de devenir cosmonaute, alors qu'autour d'elle, les autres filles veulent plutôt être infirmières, ballerines, ou faire comme leur mère. Mais ce n'est pas facile de mener à bien ce projet quand seul son grand-père la soutient. C'est alors que Gagarine se trouve décrédibilisé, l’école débaptisée et le communisme désavoué suite à la chute du mur de Berlin. Vient alors l'ère des discours contradictoires, de la transition démocratique qu'accompagne un effondrement économique illustré pour elle par les pénuries dans les magasins. C'est aussi une Bulgarie nouvelle qui s'ouvre aux chaînes étrangères comme MTV avec l'irruption de nouveaux modèles comme Kurt Cobain (Nirvana). Celui-ci prend alors la place de Iouri Gagarine dans ses rêves. L'adolescente renonce à sa carrière de cosmonaute et se donne tout entière, avec le même caractère consciencieux et sérieux, à un avenir de chanteuse punk-rock. Malgré la mort de sa nouvelle idole, sa détermination lui a permis de trouver des comparses enthousiastes, non à l'image de son amie et rivale scolaire Konstantza qui a rejoint sa mère en Grèce mais des jeunes survoltés plus intéressés par l’ouverture du McDonald’s que par l’école, pour son projet de groupe de musique révoltée. Face au chaos ambiant et au basculement progressif de son grand-père aimé dans la folie, l'héroïne finit par envisager l’exil comme seule perspective. Dédaignant alors la Russie de Gagarine et les États-Unis de Nirvana, rejetant la proposition de son professeur de français d'aller en France, elle choisira de rejoindre son amie Konstanza dans cette Grèce symbole de la démocratie.
Le titre du livre restitue parfaitement l'essence du roman : tout comme les cosmonautes, les héros et les rêves ne font que passer. La société qui entoure l'enfant et les mutations auxquelles elle assiste nous sont racontées à la deuxième personne du singulier comme si la fillette s'adressait directement à nous pour nous faire part de ses histoires de gamine, à l'aide, bien sûr, de la sacro-sainte méthode d'énumération en trois point que lui a enseignée sa mère et de sa fantaisie naturelle non exempte de charme. Le ton est juste, l'ensemble vif et il y a là un humour irrésistible (que l’auteur dit avoir hérité de son pays, cette Bulgarie qui n’a « jamais eu de bol et a choisi d’en rire ») pour dire très simplement avec la fraîcheur d'un regard d'enfant la complexité d'un monde qui bascule. On sourit autant qu'on est ému par ce premier roman original et sympathique. Dominique Baillon-Lalande |
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