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Sophie LOIZEAU

La chambre sous le saule


L’écriture poétique de Sophie Loizeau nous livre des éclats de vie sur sa relation avec sa fille, la nature, la lecture, l’écriture, la création littéraire, la lutte pour défendre son temps de création face à l’envahissement du quotidien « La précipitation des mères dans leur récolte du temps », la maladie et la mort des êtres proches…

La nature et la création sont intimement liées pour Sophie Loizeau : « Je réussis à me faire enfermer dans l'un des beaux parcs de la ville. Au cœur du jardin clos de hauts murs, du secret, je ressens que le temps m'est imparti de manière démesurée.
Je ne perds pas de vue les bâtiments vides ; à gauche en remontant l'allée la demeure de Madame E., l'Orangerie à droite. Je dégote une chambre sous un saule. Son couvert dense m'abrite du vent et de la pluie. »

Ces sommes d’impressions et d’émotions tissés poétiquement créent la mosaïque d’une créatrice : « Écrire c'est être seule et dans l'oubli de tout. Certains / certaines écrivent au milieu des gens, dans les cafés. À moi, un bois me va, un coin de pelouse près d'un étang, une grève.
Le bois, l'eau disposent. Je ne suis pas différente dans ce cas des fougères et des anémones de mer. »

L’enfance et la relation avec sa fille Lilas sont omniprésentes et s’intègrent dans la création : « Picasso, Matisse, Klee trouvèrent un nouveau souffle dans la contemplation des dessins d'enfants et s'en approprièrent les principes: simplicité, concision, force de représentation, littéralité. Je ne fais pas autre chose en transposant les paroles de ma fille à l'écrit : une écriture brute, naïve, inventive voit le jour. Une sorte d'art premier littéraire avec sa structure, son imaginaire, ses liens. Même s'il dépend d'une autre sachant écrire, d'une secrétaire, son texte, le texte de Lilas est littéraire, il traduit au plus juste sa pensée et la colporte.
Il y a du plaisir dans tout ça. »

L’amour demeure aussi au cœur des lignes : « Luc aurait pu appartenir à cette longue série d'amants qui m'ont aimée sans espoir de retour et à qui je n'ai pas eu beaucoup à offrir trop occupée à me jeter à la tête d'hommes âgés, mariés, professeurs. Impossible pour moi à l'époque de vivre autre chose. Je confesse avoir été cruelle avec chacun d'eux. Un en particulier aurait mérité que je lui demande pardon. Pardon. »

Voilà un recueil où les mots s’organisent en fragments pour délivrer la poésie de la vie sous la plume très personnelle de Sophie Loizeau.    

Brigitte Aubonnet 
(20/06/17)    



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Poésie








Presses Universitaires
de Rouen et du Havre

(Mars 2017)
128 pages - 15 €








Sophie Loizeau
a déjà publié une dizaine de livres de poésie.