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À un écrivain d’Alep qui vient le consulter pour une hypertension diagnostiquée après toute une batterie d’examens comme « psychologique », le médecin, outre quelques médicaments légers, recommande au patient d’écrire pour tordre le cou à ses angoisses et retrouver le calme de ses nuits. Depuis, chaque jour, scrupuleusement, avec ou sans inspiration, l’homme s’assoit à son bureau où s’accumulent depuis quelque temps les pages blanches et tente d’écrire pour apaiser son cœur. Mais, n’imaginez pas ici un recueil de contes traditionnel. Ce serait oublier l’esprit facétieux de l’auteur qui s’amuse à camper une Shéhérazade à bout d’imagination face à un amant qui se lasse, une fée amoureuse qui se sacrifie, un génie ingrat et crétin et un Aladin qui ne retrouve plus sa lampe... Bien faillibles et bien humains tout à coup ces personnages de contes. En rupture avec son livre précédent en phase avec l’actualité qui évoquait la destruction de sa ville d’Alep et les ravages de la guerre, Niroz Malek nous propose ici l’évasion par un recours total à l’imaginaire. Mais peut-être se cache-t-il dans cette façon de revisiter de façon personnelle les classiques constitutifs d’une culture millénaire un acte de résistance face à la barbarie qui voudrait rayer tout ce qui la précède et lui échappe ? Peu familière de l’univers du conte dont je n’ai par goût jamais cherché à posséder vraiment les clés d’interprétation, j’ai eu le sentiment que certains éléments m’échappaient ici en cours de lecture. Mais la tension et la fantaisie de ce livre hybride sont telles que je me suis laissé prendre sans résister dans le filet savamment noué par l’auteur. Et ce n’est pas la puissance des parfums d’Orient qui m’ont ensorcelée. C’est la démarche même de cet auteur syrien qui, pour échapper au tableau désespéré et désespérant de la réalité actuelle dans son pays, pour ne pas gratter une fois encore ses blessures au risque de s’y perdre, tourne le dos pour en faire un portrait en creux avec une plongée dans le passé et la culture syrienne pour nous en livrer les beautés. Une sublime déclaration d’amour à une terre blessée qui a tout pour prendre au cœur. Dominique Baillon-Lalande (30/11/17) |
Sommaire Lectures Le Serpent à plumes (Octobre 2017) 368 pages - 22 € Traduit de l'arabe (Syrie) par Fawaz Hussain
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