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Max ALHAU

Les yeux bleuis de rêves


D’un recueil à l’autre, Max Alhau poursuit une quête qui entraîne le narrateur sur d’incessants chemins, où se déroulent de vastes paysages, entre cimes et ciel, là où les yeux finissent par bleuir de rêves. Au fil de ses livres, ces espaces continuent de s’épurer et la figure du marcheur de s’inscrire davantage encore dans les profondeurs de l’universel.
Le recueil se compose de deux parties, l’une intitulée « Dans les recoins de la mémoire », la deuxième « Terres secrètes ». Les étendues que nous sommes voués à traverser, nous « pèlerins en quête / de quelque Compostelle », sont arides et solitaires. Là où ne résonne que le silence,  ne se trouvent que des traces et des empreintes pour espérer échapper à l’illusion qu’on aurait d’avoir enfin atteint la destination tant désirée. Le monde est fait d’ombres et de « pistes englouties » et la demeure est « géographie /sans formes ni couleurs. » Le poète est hanté par l’envers des choses, les contrées secrètes des êtres, qui obstinément se dérobent. Il est constamment à la recherche de cet au-delà de brume où se poursuivent des chemins aux portes fermées. Espace intérieur où subsiste l’espoir de l’éclair, à la fois intense et éphémère, lui qui offre la possibilité d’un retour fugace, où opère la magie de la ressouvenance. Même au-delà de l’oubli, / dans ces territoires qui tremblent toujours / demeure une présence, / une combe, une rivière, quelques sommets / dont les noms se sont fondus dans l’espace. Car ces mots qui peuplent notre intériorité, ces noms qui convoquent le souvenir des absents, savent parfois raviver les bribes d’un temps que nous pensions perdu.  Il sommeille en nous et demeure malgré tout, autrement. On revient toujours indemne, les yeux bleuis de rêves, / de paysages engrangés / à même les souvenirs/ ou les mots peut-être / qui continuent de dire/ ce que fut l’aventure. Le poète reste néanmoins lucide quant au vide et à l’irrésistible effritement de la vie et des choses. Qu’opposer sinon quelques images / extraites d’une vie qui s’émiette / parmi les vents et la pluie.  Ce sont elles qui tissent la route où le poète poursuit sans faillir, adouci par ce passé qu’il préserve à travers le  « présent définitif », comme une grâce accordée par l’agencement des mots, avec la géographie secrète par laquelle ils  peuvent recomposer les choses.
La figure de l’absente traverse ces poèmes, lumineuse passagère de la mémoire. Toi l’en-allée sans retour, / la soyeuse aux yeux toujours ouverts,/ tu es cet éclair figé dans un ciel / à portée de main / avec la douleur qui prend racine / à tout jamais.
Un recueil dont les mots continuent de résonner longuement en nous, avec leur questionnement de ces lieux dont nous cherchons en vain à « déloger la nuit. » Il est accompagné de très belles images d’Isabelle Malmezat, subtiles figurations de ces espaces,  où poursuivre la méditation, comme en contrepoint de ces poèmes.

Cécile Oumhani 
(29/10/18)    



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Poésie








Voix d'encre

108 pages - 19 €

Avec 23 images
d'Isabelle Malmezat




Max Alhau

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Wikipédia


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