La petite écuyère
Quel enfant n’aurait pas envie de se faire prendre en photo à côté d’un cheval !
Dans ce village-là, pourtant, l’arrivée du photographe et de son poney ne suscite pas l’enthousiasme chez les plus jeunes. Les mamans s’affairent à préparer les enfants : les cheveux se lissent, les raies sont droites, les robes et les chemises minutieusement choisies. Cette photo est censée éloigner le mauvais sort pour une année complète.
Justine, chaque année, tente de trouver un subterfuge pour échapper au rituel. Mais rien à faire, la voici tressée de près, traînée malgré elle sur la place du village et assise sur le dos de l’animal.
Envahie par la peur qui la tétanise, il lui est impossible de relever la tête et de sourire. Les autres enfants se moquent d’elle.
Mais voilà que le poney tourne la tête, regarde la petite cavalière et file vers la colline. La fillette s’accroche du mieux qu’elle peut et ne tombe pas.
Et peu à peu, le rythme de la course ralentissait. Et la peur, logée dans le ventre de Justine, peu à peu, rapetissait.
Alors la petite relâcha son étreinte, desserra les dents. Et le poney s’arrêta. Elle se risqua à ouvrir les yeux.
Surmontant ses angoisses, Justine va vivre un moment hors du commun en compagnie du poney.
Le texte est très beau, riche et poétique. Les illustrations, délicates et profondes, sont particulièrement réussies. Entre les deux, l’osmose est parfaite.
L’histoire évoque les vieilles croyances des adultes menant parfois la vie dure aux enfants ainsi qu’un lien d’amitié très fort entre un animal et un enfant. Elle évoque également la peur, les peurs qui envahissent parfois les enfants, les empêchant d’avancer. Il leur faut souvent beaucoup d’énergie pour les surmonter. Et parfois, une belle rencontre peut les y aider.
Au début de l’album, on a le sentiment de commencer un conte, une histoire ancienne. Les auteurs nous mènent en réalité vers un chemin contemporain, un chemin sur lequel l’enfant peut grandir, un chemin de liberté.
Cécile De Ram
(07/03/18)