Retour à l'accueil du site | ||||||||
Vincent, blond, pâle comme une endive, est en classe de troisième. C’est un élève discret voire solitaire qui excelle dans toutes les matières scolaires sauf en sport où le professeur aime à le ridiculiser sans ménagement. Durant les pauses le garçon partage toujours la même marche en béton avec ses deux seuls amis : Myriam, avec laquelle il révise ses cours et Aziz avec lequel ils parlent des autres. « Christophe est le plus beau de ma classe de troisième. Myriam est ma meilleure copine. Aziz est mon ami. Pascal est le souffre-douleur de Momo qui le traite de tapette parce qu'il est petit, timide et pâle. Claire est une allumeuse. » Au cœur de cette jungle urbaine, Vincent « rêve de devenir ornithologue, de partir vivre dans une cabane en pleine forêt et de ne fréquenter que des oiseaux. Des oiseaux, au lieu des singes et des vipères du collège.» À la Toussaint, un nouveau débarque dans la classe : Cédric. Quand ce grand gaillard sociable et sportif qui suscite immédiatement l’intérêt de tous s’installe à la place restée vacante à côté de Vincent celui-ci en est troublé. Une succession de sensations et émotions nouvelles et inexplicables s’imposera dès lors à lui. « Depuis qu'il est arrivé, mes notes chutent, mon cœur bat. » Sur 90 pages ce roman dispose de tous les ingrédients nécessaires pour être accessible au public des 12-15 ans : une écriture aérée, fluide, imagée, sans descriptions ni grands développements psychologiques, une construction chronologique en saynètes courtes incluant de nombreux dialogues truffés de repères générationnels (jeux vidéo, musiques, films…), un héros adolescent qui s’exprime à la première personne ouvrant une porte facile à l’identification. Ce récit intime de Vincent dévoile avec pudeur mais justesse le point de vue et le ressenti d’un garçon de quatorze ans, qui à travers ses questions et ses angoisses nous restitue également celles de ses pairs. Si le héros, comme beaucoup de ses camarades y compris ceux qui choisissent l’esbroufe pour s’imposer, ne sait pas lui-même qui il est, a du mal à trouver sa place parmi les autres et à comprendre ses émotions, comment pourrait-il en être autrement face à cette enfance qui s’éloigne, ce corps qui s’éveille au désir, ce grand saut dans l’inconnu qui le guette en fin d’année avec l’éparpillement du groupe dans différents lycées selon les choix d’orientation, quand les relations familiales elles-mêmes semblent changer ? Ce roman offre ainsi de belles pages sur l’adolescence et le basculement vers l’âge adulte. Il dit la relation paradoxale entre le désir de se singulariser et celui de se fondre dans un clan, les doigts coincés dans les rouages de la normalisation sociale qui nourrit le rejet de la différence et produit le harcèlement des plus faibles face à la soif d’autonomie et d’affirmation de chacun. Enfin, si le malaise de Vincent y est palpable, le rythme enlevé du récit et son recours fréquent à l’humour viennent faire antidote et c’est une fin ouverte et positive, apte à rassurer les jeunes lecteurs et lectrices abreuvés de « happy end », qui vient adroitement conclure l’ensemble. Un ouvrage à multiples entrées à recommander à tous les collégiens pour les aider à grandir, à s’affirmer, à s’accepter et à accepter les autres. Dominique Baillon-Lalande |
sommaire Jeunesse Éditions du Rouergue Collection doado 80 pages - 8,70 €
Visiter le blog de Thomas Gornet Découvrir sur notre site un autre livre de Thomas Gornet : Sept jours à l'envers |
||||||