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Une première page, un commencement : « La montagne, la montagne uniformément noire. Des pointes glaciales me giflent le visage. Est-ce le vent ou la neige ? », ou bien une fin : « Le rideau de neige refuse de disparaître, quoi que je fasse et un grondement continu venu du ciel – le vent ? le bruit de la montagne ? – persiste dans mon cerveau. » Il n’est pas aisé de présenter cette histoire tellement complexe, foisonnante, mais surtout originale. Parfois le fil conducteur semble prendre un chemin rocailleux, voire escarpé (la montagne ?) au point de rendre le lecteur perplexe, jusqu’à ce qu’une logique émerge de ces enchevêtrements parfaitement huilés, comme il les découvrira alors ! Au début, quelques dates relatant des évènements, sont posées. Le petit garçon, après avoir fait, adolescent et jeune adulte, quelques séjours dans des institutions psychiatriques, retrouve Machiko l’infirmière qui s’était occupée de lui à l’hôpital : « À l’automne 1982, c’était la montagne obscure. Tu t’en souviens ? Tu avais seize ans. L’année d’après, tu es sorti de l’hôpital et on ne s’est pas vus pendant quelque temps. Tu es revenu à l’hôpital en 1985. C’était à nouveau la montagne obscure. » Maisle jeune adulte qu’il est devenu ne semble pas vraiment distinguer ce qu’il voit parfois passer dans sa mémoire, de ce qui s’y trouve peut-être fixé ou seulement en mouvement… Le récit reprend avec le travail des policiers après les deux meurtres de Tokyo, récit qui commence le « jeudi 1er octobre ». L’enquête, minutieuse et compliquée, va se dérouler jour après jour, jusqu’au « lundi 19 octobre ». Mais quel rapport avec les actes de ce jeune homme, ce « Marks » dont nous continuons à suivre certaines pérégrinations, ainsi que sa relation avec Machiko qui tente de lui offrir avec son hospitalité, un possible apaisement ? Un tour de force d’écrivain, car les pages, très denses, sont construites et ordonnées avec minutie. Et si les lecteurs se laissent enfermer, après avoir été capturés, c’est que les fils de cette toile sont subtils, solides, mais surtout nombreux. L’auteur sait habilement composer avec tous les personnages une énigme passionnante, peut-être même un « cas d’école », tout en mettant à l’occasion la société japonaise sous un verre grossissant. Et juste pour la dégustation : certains des membres du groupe du lieutenant Göda, ont des surnoms évocateurs : Princesse des neiges, Esprit du vent ou encore Moineau du Japon… Un régal. Un copieux régal. Anne-Marie Boisson (09/03/18) |
Sommaire Noir & polar Actes Sud 576 pages - 23,80 € Traduit du japonais par Sophie REFLE
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