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Le roman se déroule au début du XXe siècle. Amélie Servoz est une jeune Savoyarde qui ne manque pas de détermination. Vivant à Paris chez ses parents plumassiers, elle veut être modiste et parvient à se faire embaucher comme apprentie dans une grande boutique de chapeaux. Elle y fait ses armes avec bonheur mais en 1910 une opportunité inattendue se présente. Une vague connaissance ayant ouvert son salon à Saint-Pétersbourg il y a vingt ans et cherchant repreneur pour prendre sa retraite propose la place à la jeune fille. Avec audace et par ambition, Amélie accepte tout excitée de s’exiler. La jeune fille est douée, inventive et entreprenante et elle se fait vite une clientèle de choix dans la Russie impériale fastueuse parmi les femmes d’aristocrates et de grands bourgeois. C’est une travailleuse acharnée et cela lui laisse peu de temps pour se faire une vie sociale mais elle finit tout de même par se lier avec un client assidu, un jeune militaire issu d’une riche famille, tombé sous son charme. C’est un homme moderne et progressiste qui lui fera découvrir plus avant la ville, ses environs, sa population et son histoire. Grâce à une réception à l’ambassade elle se fera aussi une amie en la personne de Joséphine, une Française chargée de l’éducation des enfants d’une grande famille bourgeoise. Sept ans plus tard avec la révolution naissante et le saccage de sa boutique de luxe, le destin d'Amélie, comme celui des nombreux expatriés au service de la classe dominante dans les secteurs de la mode ou l’éducation, va basculer. Sa vie est en danger et elle doit regagner la France en guerre. Dimitri, le conducteur de fiacre qui l’a prise en charge à son arrivée à la gare pour pourvoir par la suite de façon quasi protectrice à tous ses déplacements et Albert, un répétiteur francophone d’origine suisse, l’aident ainsi que Joséphine à obtenir passeports et billets de train pour la Finlande en alliant connaissance des circuits et pots-de-vin. Albert quant à lui envisage de poursuivre son voyage vers l’Est en Indochine.
Lors de recherches sur un peintre de sa famille, Fanny Tonnelier découvre à Saint-Pétersbourg dans les archives de 1917 de multiples demandes de passeport faites par des Français et surtout des Françaises exilées là pour leur travail cherchant, suite aux troubles répétés dans la ville, à regagner leur pays. Surprise, émue et inspirée par ces histoires de femmes indépendantes venues exporter la culture française si loin de chez elles, l’auteure décide d’y consacrer son premier roman. Le récit se construit sur un jeu d’alternance entre trois périodes : le passé avec l’adolescence d’Amélie à Paris puis son expérience professionnelle de sept ans en Russie, évoqués à travers ses souvenirs et le présent de son retour mouvementé en France à travers l’Europe. Cette licence chronologique et cet enchevêtrement narratif apportent au roman un rythme et une vivacité qui incarnent parfaitement la légèreté et l’énergie de la jeune héroïne et rendent la lecture très attrayante. Avec le personnage attachant d’Amélie que le lecteur ne découvre qu’à travers les diverses situations sans jamais fouiller plus avant sa psychologie, par le cumul de péripéties incroyables qu’elle surmonte courageusement et les histoires d’amour pudiquement dévoilées qui bercent son cœur de midinette, le livre respecte très scrupuleusement les schémas du roman populaire classique. Dominique Baillon-Lalande (06/02/18) |
Sommaire Lectures Alma (Janvier 2018) 256 pages - 18 €
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