Tout est prétexte pour se moquer d’elle : son poids, son manteau, son téléphone, son attitude. Sa présence, seule, suffit à déclencher une avalanche de méchancetés toutes plus abjectes les unes que les autres.

– Vas-y, dégage de là, Guenon !
Une autre fille a poussé mon sac par terre et je suis allée m’asseoir tout près de l’entrée des douches, là où il y a toujours un peu d’eau sale qui stagne sur les carreaux. Des filles ont fait des cris de singe et de cochon et tout le monde a rigolé.

Manon n’ose rien dire à personne, se renferme et souffre en silence. Son manque d’assurance la pousse à avoir honte de ce qu’elle dit, ce qu’elle fait, ce qu’elle pense, de tout ce qui la concerne.  
Chaque journée de Manon ressemble à un enfer ; l’imagination de ses bourreaux est sans bornes pour la harceler.

Un jour, elle reçoit un message d’Amaury, un jeune homme marginal récemment rencontré dans le quartier. Un garçon lui montre enfin de l’intérêt et s’adresse à elle normalement. Manon pense que sa vie va se réécrire différemment.

Dans ce roman écrit à la première personne, la jeune fille raconte avec une certaine candeur son quotidien effrayant, les brimades dont elle fait l’objet, la façon dont elle se perçoit, ce vers quoi tout cela va la mener.

Voici un roman marquant, particulièrement fort, qui évoque avec une grande justesse le harcèlement moral, sa brutalité, ses ravages,  ses conséquences.
Un roman qui ne laisse pas indifférent.

Cécile De Ram 
(24/07/19)