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Petit traité de vie privée
Alors que nous vivons la fin de notre monde, la première urgence est de préserver notre liberté. Cette liberté est menacée : « La liberté de conscience est devenue suspecte, en attendant d’être déclarée un jour illégale. » L’auteur nous encourage à résister au « système autocratique mondial qui se met en place ». Ce qui nous menace c’est une « planification des ressources humaines (…) au service d’une réorganisation du monde en ruche planétaire. » À quoi reconnaît-on un être libre ? Ceux que l’auteur a croisés se distinguent du grand nombre par leur capacité à être heureux. À propos de la relation entre la liberté et l’argent ; dans une société où tout s’achète, la gratuité est devenue une notion incompréhensible. L’auteur fait le procès de l’esclavage salarié, il revendique le droit de vivre de rien, d’avoir pour richesse principale les valeurs de l’esprit. Il fuit l’aisance, le confort pour ne pas s’engourdir. Il aime l’inconfort organisé, tout ce qui le conserve en équilibre instable : chaise étroite, matelas trop dur, « divins détails qui tiennent éveillé ». Avec un sens aigu de la formule et de l’aphorisme, il expose ses choix de vie « …disposer de l’argent nécessaire pour vivre pauvrement », car « l’instinct de posséder ne me possède pas ». Il a vécu sept ans dans un tout petit village qui lui a fait « découvrir les ressources délicieuses de la rareté ». « L’étroitesse des choix favorise la tranquillité d’esprit ». « …il y a une saveur inconnue, une jouissance permanente et légère, dans l’inabondance et dans la sobriété, même quand elles ne sont pas strictement volontaires. » On est pourtant loin de la sobriété heureuse de Pierre Rabhi car Luc Dellisse est un citadin plutôt nomade, un poète, un scénariste, qui cultive ce côté bohême. Il s’amuse du côté puéril des gens qui jouent sur leur téléphone à longueur de trajet. Il déplore l’appauvrissement de la langue suggérée par « l’assistanat textuel automatique, mis au point par des informaticiens dont on ne voit pas bien quelle langue ils maitrisent. » Je n’ai pas trouvé de solutions pour réinventer le quotidien, comme la quatrième de couverture le présente, mais un souffle de liberté, dont la seule limite est le respect d’autrui, une invitation à réfléchir aux mutations de la société qui nous sont imposées, à voir plus grand, plus loin. C’est aussi une leçon de vie ; l’importance de trouver son unité, donner de la cohérence à nos vies éclatées, mettre l’esprit au service du bonheur. Nadine Dutier |
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