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Gérard MACÉ

Rome Ephémère


De cette reprise d’un livre déjà publié en 1986 et en 2006 sous d’autres titres, Gérard Macé nous dit : « C’est le même texte qui reparaît aujourd’hui […] insistant moins sur le baroque, et davantage sur une Rome en partie rêvée, en partie invisible, inscrite en creux dans la ville où nous nous promenons, au milieu des siècles entassés, des réalités architecturales qui enflamment l’imagination, des visions qui ont laissé des traces. »
Comme je crains que l’amour incommensurable que j’ai pour cette ville me fasse inventer un autre livre encore que celui dont je veux vous rendre compte, une autre ville rêvée,  je préfère laisser le plus possible la parole à Gérard Macé en m’inspirant  de l’interview qu’il a donné à Arléa sur cette nouvelle édition. J’espère ne pas trahir son propos.

Par opposition à la Rome éternelle, il a choisi ce titre pour parler d’une Rome plus vivante, plus instable, plus mouvementée. Il va aussi nous parler du baroque dans Rome, omniprésent, mais original, hors des clichés. D’un baroque  comme représentation du monde embrassant la théologie, la cosmogonie, l’architecture, la musique, la littérature.

Dans un premier chapitre, il nous parle de Borromini, au travers de quelques églises dont il est l’architecte. Saint et martyre de l’art, Borromini est un homme tourmenté qui veut vivre simplement à l’opposé du Bernin, homme de cour, architecte comme lui.  Ils se haïssent et se nuisent constamment. Ces deux personnalités inconciliables sont pour nous les deux faces d’un nouveau Janus, ou d’un introuvable dieu baroque […] Il semble que l’âme baroque ait eu besoin de ces deux individus hors du commun pour exprimer toutes ses violences et ses contradictions : extravertie ou introvertie jusqu’à l’excès, comme dans cette architecture qu’elle leur a inspirée, où le concave et le convexe sont le plein et le délié d’une même écriture.

Le second chapitre est plus consacré au Bernin qui a fait de Rome un théâtre pour ses décors, une coquille pour ses perles ! L’origine du mot « baroque » n’est-elle pas, « barroco » en portugais,  la perle irrégulière !

Enfin, Gérard Macé veut nous parler de la Rome éphémère, celle des ruines poétiques de Piranèse. Les ruines ne sont pas inamovibles, on peut les bousculer.  Il y a dans Rome toujours autre chose à voir, et même des choses que l’on ne voit pas, que l’on ne peut plus voir…  C’est un moment qu’on saisit comme la pamoison de Sainte Thérèse, figée dans le marbre par Bernin,  juste un instant qu’on a de cesse de retourner voir, encore et encore.

Sylvie Lansade 
(14/01/19)    



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Lectures








Arléa

Collection Poche
(Octobre 2018)
144 pages - 9 €

Avec 23 photographies
de Ferrante Ferranti





Gérard Macé,
né à Paris en 1946, poète, essayiste, traducteur et photographe, a publié une cinquantaine de livres.

Bio-bibliographie
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