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Éric POINDRON


Comment vivre en poète


« Vivre en poète n’est pas un choix.
Non, on ne se réveille pas un beau
matin inspiré par une fée, qui vous
aurait soufflé à l’oreille un conseil
comme un chef de service qui vous
fixe un objectif du genre : « aujour-
d’hui tu seras poète. » Par contre,
un jour, on s’aperçoit que c’est
inexorable : on est perméable à
l’influence d’autrui. Un jour, on se
veut libre. »
Préface de CharlElie Couture.

 

Le livre, le recueil ( ?), est sous-titré, 300 questions au lecteur et à celui qui écrit, mais commence par une première partie qui se nomme Quelques réponses sans Questions. Foin des questions on démarre par des réponses : « Le poète vit à Paris une ville de poètes, mais pas seulement. Il peut vivre en province puisqu’il est possible de vivre en poète partout. » La réponse affirme puis dénie, il semblerait que l’on tourne en rond. Pour deuxième proposition on peut lire : « Le poète ne fait presque rien ; il fait uniquement attention à ses mots. » Ce qui un peu plus loin est redit : « En secret, le poète fait uniquement attention à ses mots. » En effet le poète se préoccupe des mots car « la poésie est une hésitation. Oscillation entre un Sens un Songe et un Son. » Nous tournons bien en rond car les propositions essaient de cerner ce qu’est un poète, donc la poésie.

Dans la seconde partie commence le questionnement. 300 ? Je n’ai pas compté. Des questions qui interrogent le lecteur sur son existence, son rapport au réel, comment il veut vivre en poète. Des questions toutes seules, solitaires, naufragées peut-être. Quelles sont vos îles ? Quelle relation doit entretenir celui qui vit en poète avec le sacré ? Comment celui qui vit en poète pourrait-il redresser la tour de Pise ? Le plus souvent des questions qui sont accompagnées :

Que savez-vous de la peine indicible
Et qu’avez-vous fait
De votre disposition mélancolique ?

 A la nuit tombée, les filles fantômes et filantes
sont des étoiles comme les autres.

Ou encore,

Pourquoi le traducteur ne peut-il être poète ?

J’entends cet oiseau et son chant que je ne comprends pas.
A défaut de prendre part à la conversation je suis d’accord
avec ce qu’il dit. Ne pas comprendre c’est aussi de la poésie.

À la question, non pas une réponse fournie, dans ces exemples, par l’auteur, mais après un blanc typographique qui n’est pas une convention d’écriture mais un véritable silence, une sorte de balise qui peut vous emmener sur un chemin de traverse, hors du port de la réponse toute faite.
Le plus souvent, la balise est celle d’un poète.

Qu’est-ce qu’un poète
Et quel poète êtes-vous ?

« Je vois bien ce que me reprochent quelques-uns :
c’est de n’avoir pas pris leur sérieux au sérieux. »
Pierre Peuchmard (1948-2009)

Ainsi sur le bord du chemin nous rencontrons Marc Alyn, Emily Dickinson, Jacques Prévert, André Hardelet, Thomas Gray, Montaigne, Marcel Hamenne…

Et c’est dans le questionnement, dans l’interrogation de notre rapport au monde, un cheminement en poésie que nous faisons. Plus, c’est un véritable poème qui s’écrit pas à pas car « celui qui vit en poète doit trouver son propre sentier d’écriture. »

Michel Lansade 
(06/03/19)    



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Poésie








Le Castor Astral

(Février 2019)
128 pages - 15 €
















Éric Poindron,
éditeur, écrivain et critique littéraire, est l'auteur de nombreux ouvrages.










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