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Sébastien RAIZER


Confession japonaise


Le narrateur, Tetsuo Kujiwara, avait cinq ans quand ses parents, sa sœur et plus de six mille personnes sont mortes lors du grand tremblement de terre qui a détruit la ville de Kôbe, en 1995.
L’enfant, ravagé d’angoisse qu’il apaise avec « sa magie », grandit chez sa grand-mère dans le village d’Ôhara perdu dans les montagnes proches de Kyoto. Quand sa grand-mère lui révèle l’existence du monde invisible où vivent les esprits des morts, il tente de communiquer avec sa petite sœur.

Pendant ses études, totalement solitaire, il s’adonne à l’aviron en ramant comme un forcené avec l’acharnement du désespoir pour tenter de parvenir par l’effort physique à rejoindre le monde invisible. En dépassant ses limites physiques et mentales il lui semble atteindre une ivresse proche de ce qu’il recherche. « Je touchais à l’expression de l’énergie pure. »

Devenu infirmier, il s’installe à Kyoto et mène une vie ascétique qui « correspondait au peu de place qu’il désirait occuper en ce monde. » Il partage son temps entre sa vie à l’hôpital et la pratique de l’aviron.

Après un dîner entre collègues à l’occasion de la fête des cadeaux, Tetsuo est entraîné par Tsuchiya dans un cimetière abandonné proche d’un vieux sanctuaire. Bien que le parc qu’ils traversent soit pour Tetsuo un lieu de promenade habituel, il ne reconnaît pas les lieux qu’il fréquente de jour et à la belle saison. Est-il « dans l’ombre du monde invisible ? Dans un antimonde ou un contre-monde ? Ou un monde qui se remodelait sans cesse selon les conjonctions de nos psychés ? »

Tsuchiya est une collègue de l’hôpital dont la beauté  fascine Tetsuo. Mais une beauté si parfaite qu’il soupçonne qu’il s’agit de l’apparence humaine d’un esprit.  Délire psychotique ou proie du monde magique des esprits, il vit une expérience singulière dans ce cimetière que Tsuchiya transforme en  jardin du chaos parfait. Expérience qui le hante des nuits entières ; des scènes érotiques où Tsuchiya est omniprésente le visitent chaque nuit et l’épuisent. Il change ses horaires pour fuir ces nuits infernales, mais l’esprit de Tsuchiya le visite le jour et même pendant son travail.

Puis Tetsuo semble perdre la raison. Il fuit la société. A-t-il commis un crime ? Il ne sait pas mais il est sûr d’être la victime d’un démon bien plus fort que lui, celui de Tsuchiya.

Sébastien Raizer  fréquente depuis longtemps l’extrême Orient et vit désormais au Japon, à Kyoto précisément. Ce roman, à mi-chemin entre la philosophie zen et le polar, est pétri de références à la culture japonaise et imprégné de la manière de se comporter dans la société japonaise.

Si le personnage narrateur est obsédé par le monde des morts, son histoire personnelle et la culpabilité du survivant n’y sont pas étrangères.

La poésie est souvent convoquée dans son écriture au prisme de ses obsessions mortifères ;  « le son clair et régulier du ruisseau qui charriait les dernières feuilles d’érable, devenues feu piqué de cendre, rouge veiné de mort. » Quant aux fleurs des cerisiers vénérées par les Japonais, elles sont « les bornes d’un monde parallèle, irréel, magique, qui ne révélait sa présence qu’au travers de la brève éclosion de ses fleurs, si intimement liées à la mort. »

Les scènes érotiques se mêlent à la violence, à la cruauté, à la recherche de l’absolu. N’oublions pas que Sébastien Raizer est un auteur de la Série Noire…

Nadine Dutier 
(25/02/19)    



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Mercure de France

(Février 2019)
288 pages - 20 €









Sébastien Raizer,
né en 1969,
auteur et traducteur,
vit maintenant à Kyoto.



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Wikipédia




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