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Régis COLOMBO & Antoine BLANC

Sahara
Le royaume des dunes et des rêves


Ce très beau livre nous offre un magnifique et passionnant voyage au cœur du désert. Magnifique grâce aux centaines de photos de Régis Colombo qui a sillonné l’Algérie, la Lybie, l’Egypte et le Niger pour réaliser cet ouvrage. Passionnant grâce au texte d’Antoine Blanc qui évoque les lieux bien sûr mais aussi les hommes du désert, les nomades, les Touareg, leurs traditions et les difficultés qu’ils rencontrent aujourd’hui.
« Ces seigneurs des sables ont entamé leur dernière grande aventure. Menacée d'effondrement, cette culture millénaire est appelée à disparaître. Appauvris, déstabilisés et désorganisés, ils se rabattent, aujourd'hui, sur les centres urbains, tout en gardant leurs attaches ancestrales. Femmes et hommes affrontent ensemble la détresse et rêvent de reconstituer, un jour, leur troupeau et de reprendre leur ancienne vie. » Pourtant… « Ni l'oppression ni la misère n'ont pu altérer leur superbe, leur goût du panache. Ils se priveront de manger, mais leurs chèches seront, les jours de fête, de la toile la plus fine. » Le chèche ou « tagelmoust », ce voile qui entoure la tête et peut cacher le visage, mesure entre quatre et huit mètres pouvant même atteindre parfois douze mètres.

Alain Blanc évoque aussi l’hospitalité saharienne, la fabrication de la « taguella », une sorte de pain cuit avec de la braise dans le sable, et la cérémonie du thé. « Ce n'est pas un, mais trois thés que l'on prend successivement : le premier thé, dit le proverbe, est amer comme la vie, le second est doux comme l'amour, et le troisième est léger comme le dernier souffle. »

Il nous fait découvrir des légendes transmises de génération en génération. « Ces contes, empreints de poésie et d'humour — qui les rendent si attachants et si passionnants — circulent de bouche à oreille depuis la nuit des temps. Ils invitent aussi bien à la méditation qu'au rire et à la détente. On dit, d'ailleurs, que les légendes sont de grands sacs de mensonges à l'intérieur desquels se cache une perle de vérité. À chacun d'y trouver la sienne. »

Au fil des pages, on est confronté à la diversité du désert qui est tout sauf une grande étendue de sable uniforme.  Outre les dunes aux formes mouvantes, on découvre des sculptures étonnantes réalisées par le vent au fil des siècles. La couleur aussi est changeante, du rouge qui indique une forte teneur en oxyde de fer au blanc calcaire du Sahra al-Beida. « À quelques centaines de kilomètres du Caire, en bordure du désert libyque, près de l'oasis de Farafra, une contrée calcaire, surprenant labyrinthe de rochers blancs, est l'une des plus étranges formations de ce genre dans le monde. Les statues de gypses blanches, érodées par le dieu Éole, se tiennent debout et ressemblent aux rues d'une cité fantastique, bordées de monuments bizarres, de pyramides, d'obélisques, de sphinx, de lions ou de statues ayant une vague apparence humaine. Le sable et la poussière que le vent chaud soulève, balaient cet ancien fond d'océan. Il poursuit son œuvre, obstinément, farouchement, immuablement, sans se presser. Normal, il a l'éternité devant lui. »

Evidemment on ne peut pas évoquer le désert sans parler des oasis. L’auteur nous présente ces endroits que les Anciens nommaient « les îles des Bienheureux » et nous rappelle l’importance du précieux dattier. « Les pieds dans l'eau et la tête au soleil, le palmier dattier est une plante cultivée et vénérée par les indigènes depuis six mille ans ; il fait vivre 10 millions de personnes. Avec les débris, que l'on mélange à la farine d'orge, on fait un pain qui se conserve longtemps. Du palmier, on extrait du vin — obtenu en distillant la sève des fleurs — qui est agréable à boire. Les folioles servent à confectionner des corbeilles, des chapeaux ou des lattes pour les terrasses... Les Touareg affirment qu'avec une seule datte, on peut vivre trois jours. Le premier jour, on mangera la fine peau, le deuxième la chair, et le troisième jour, on pilera le noyau. Cette poudre, mêlée à de l'eau, donnera une sorte de liquide qui dopera et coupera la faim. »

Le voyage, entre photos et commentaires, est une riche aventure. Une carte, en début et fin d’ouvrage, permet de situer tous les lieux présentés dans le livre.

Après tout le bien que nous avons dit du texte d’Alain Blanc et les extraits que nous avons cités, nous laisserons la conclusion au photographe, Régis Colombo : « J'espère que ces images vous auront donné l'envie d'apprivoiser la planète sable, de gravir l'arête vertigineuse d'une dune, de vous y asseoir au sommet — sur le rebord du monde — pour laisser vos pensées s'envoler vers cette mer de sable, de partager le troisième thé avec les Touareg et de vous endormir sous la voûte céleste dans le silence absolu, entrecoupé par le seul crépitement du feu, dernière empreinte humaine perceptible dans le royaume des rêves et des dunes. Bon vent ! »

Une excellente idée de cadeau pour soi-même ou pour ceux qu’on aime vraiment !

Serge Cabrol 
(20/12/19)   



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Favre

(Octobre 2019)
192 pages - 29 €







Photographies
Régis COLOMBO


Texte
Antoine BLANC