Le silence du serpent blanc, le nouvel ouvrage jeunesse d’Arnaud Tiercelin, est un roman intriguant.
Son titre sonne étrangement : un serpent silencieux, blanc de surcroît, relève certainement plus de la légende que de la réalité...
Sa couverture étonne, elle semble appartenir au monde fantastique d’Alice au pays des Merveilles...
Voilà de quoi motiver un jeune lecteur !
Motivation qui va croître et embellir au fur et à mesure de sa lecture car ce roman va le captiver.

L’histoire est celle d’un jeune garçon, Thibault. Il a la chance d’être bien entouré de sa maman et de ses petits frères, mais la malchance d’être au cœur d’un mystère déchirant : son papa a disparu sans laisser de traces.

Ce malheur s’accompagne de conditions de vie épouvantables. Il habite dans un pays gouverné par un Roi à poigne de fer, un monarque qui édicte à tout-va des lois transformant son royaume en cimetière et la vie de ses sujets en enfer.

La marotte de ce tyran est l’interdiction absolue du son. La description des mesures anti-bruit qu’il impose est glaçante, mais l’histoire va bien au-delà d’un problème de décibels, elle englobe la censure et l’oppression, aux répercussions mortifères.

Un aspect très sombre, fort heureusement illuminé par une jolie rencontre... Thibaut tombe amoureux d’une adorable Pamina aux allures de fée. La belle, hélas ou tant mieux, recèle un profond mystère. De quel avouable ou abominable secret est-elle détentrice ?

Le suspense s’épaississant, le lecteur n’aura de cesse d’apprendre la ou les vérités.

Outre ce suspense élaboré, la personnalité attachante de son héros, l’action hors du commun, les sentiments intenses, son langage vif et direct, ce qui rend ce roman précieux, c’est sa double portée, réaliste et symbolique.

Les données réalistes, telles l’interdiction de la musique et du chant, la censure et la surveillance à outrance, dénoncent l’obscurantisme et la dictature.
Différents sentiments et comportements s’en suivent : mal-être, peur, résignation, résistance, révolte.

L’aspect philosophique, lui, éclaire et valorise la quête du sens et de la solidarité.
Si bien que le jeune lecteur, est amené à développer son sens critique, à se poser des questions, mais aussi à trouver des réponses.

Le silence du serpent blanc est un conte moderne intense, dans lequel, pour qui sait tendre l’oreille, la musique salvatrice est omniprésente et brillamment bruyante !

Catherine Arvel 
(29/11/19)