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Abdourahman Waberi, auteur d’une quinzaine de livres, est né à Djibouti à l’époque où ce territoire s’appelait encore la Côte française des Somalis avant de devenir le Territoire français des Afars et des Issas, puis avec l’indépendance en 1977 la République de Djibouti. Il est arrivé en France à vingt ans, en 1985. Il évoque alors son père, Amine surnommé Papa la Tige, qui tenait une boutique de bibelots pour les Français et les rares touristes étrangers. Sa mère Zahra a tout de suite détesté ce bébé chétif et le confiait à une voisine dès que possible. Il a donc été élevé par sa grand-mère, qu’il appelait Cochise en hommage à un chef indien, « une grande femme robuste aux traits fins, mais rabougrie par la vieillesse », qui « se tenait droite et immobile derrière un voile invisible aux autres ». Une enfance sans beaucoup de tendresse, ni à la maison, ni dans la rue. « Les enfants de mon quartier m’appelaient le Gringalet ou l’Avorton. Ces quolibets m’ont longtemps servi de carte d’identité. Ce passé a été ma prison. Je veux désormais le remettre à distance. M’en libérer. C’est parce que tu m’as posé une question qui me tenait à cœur que ce passé m’est revenu avec une certaine fraîcheur. C’est pourquoi je le partage avec toi, ma douce Béa. » Heureusement, très vite la lecture est venue meubler le vide et l’école a été le moyen de s’évader, de grandir, d’échapper par la réussite scolaire à un destin peu favorable et l’institutrice n’y était pas pour rien… Quant à cette démarche chaloupée qui ressemble à une danse, il la doit à un croche-pied d’un petit caïd de la cour de récréation. Genou écorché. Pas de vaccin. Poliomyélite. Mais il a fallu plusieurs consultations de dispensaire en dispensaire puis à l’hôpital avant que le diagnostic soit posé… Grâce à la question de sa fille, Abdourahman A. Waberi nous offre un livre aussi passionnant qu’émouvant, alternant les souffrances et les moments heureux, la méchanceté de certains gamins et les premiers émois amoureux, jusqu’à la découverte de l’écriture en classe de quatrième au point de devenir une sorte d’écrivain public dans son quartier. Les études ont transformé sa vie. Le lycée, le Bac et le départ pour la France à vingt ans. « Je suis parti en abandonnant tous les souvenirs de mon quartier. J’étais égoïste. Je voulais sauver ma peau. » Serge Cabrol |
Sommaire Lectures JC Lattès (Août 2019) 250 pages - 19 € Folio (Octobre 2021) 224 pages - 8,10 €
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