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Première phrase de Les impatientes : « Patience, mes filles ! Munyal ! Telle est la seule valeur du mariage et de la vie. Telle est la vraie valeur de notre religion, de nos coutumes (...) » ; dernière phrase : « Et n’oublie pas : munyal, patience ! » Ce mot sera scandé régulièrement au fil de cet effroyable tableau de la condition féminine en Afrique (plus précisément dans le Sahel), puisque la patience constitue le seul remède offert à des jeunes filles placées sous domination masculine à vie, pour se trouver sous la férule du père et des oncles avant de passer sous celle de l’époux. C’est qu’il fallait une femme courageuse pour se livrer à une telle dénonciation après avoir été conditionnée dès sa naissance à subir un système inique que perpétuent aussi bien les hommes que... les femmes, hélas ! Djaïli Amadou Amal l’a, ce courage, pour ses sœurs d’infortune comme pour elle-même. Car ce roman, tout en faisant preuve d’une belle valeur littéraire, tient aussi du témoignage : l’auteure, en effet, prévient dès la première page : « Cet ouvrage est une fiction inspirée de faits réels. » La dédicace à son époux et ses enfants donne, heureusement, l’espoir d’un heureux dénouement pour Djaïli Amadou Amal qu’on aurait volontiers tendance à assimiler à Ramla, la première héroïne. Il s’agit d’un roman choral où trois femmes, qui se connaissent (demi-sœurs ou coépouses), raconteront leur histoire. Ramla, d’abord, illustre parfaitement son angoisse, le jour de ses noces, quand installée dans la luxueuse limousine qui la conduit au supplice, elle voudrait hurler à la foule des curieux qui saluent le cortège nuptial : « Sauvez-moi (...) sauvez-moi avant que je ne dépérisse entre quatre murs, captive. Sauvez-moi, je vous en supplie, on m’arrache mes rêves, mes espoirs. On me dérobe ma vie. » Mariages forcés, violences conjugales (physiques et/ou psychologiques), polygamie, tel est lot de femmes réduites à l’état d’esclaves qui, loin de se lier entre elles, s’isolent dans leur désespoir ou se jalousent pour le plus grand profit de leur seigneur et maître qui n’a nul besoin de diviser pour régner. Certaines se réfugient dans le maraboutage et la superstition, mais en vain. L’une des grandes qualités de ce livre écrit dans un style limpide, avec des mots justes, réside en une démonstration qui se fait d’elle-même puisqu’il suffit à Djaïli Amadou Amal de « montrer » ce qu’elle a vu, vécu, sans fioriture ni misérabilisme... Pour rappel, en 2013, l’excision – dont il n’est pas question ici – était admise dans 29 pays (rapport statistique publié par l’Unicef) et aujourd’hui elle reste pratiquée par 7 pays d’Afrique et d’Asie ; il y a donc eu un progrès qui reste à parfaire. Excision ou mariages forcés, les coutumes barbares, qu’elles reposent sur les croyances religieuses, le machisme, etc., peuvent et doivent reculer jusqu’à leur totale disparition. Dominique-Marie Godfard (26/12/20) |
Sommaire Lectures Emmanuelle Collas (Septembre 2020) 240 pages - 17 € J'ai lu (Janvier 2022) 288 pages - 7,90 €
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