Au Japon, vivait un terrible empereur, puissant. Rien ne pouvait lui résister et aucune quête ne lui était refusée. L’empereur, bien seul, s’ennuyait et manquait d’amour.
Il se demandait pourquoi l’amour ne lui était pas accessible.
Le long du fleuve, il observait souvent un pauvre pêcheur à qui cette faveur semblait octroyée : sa femme le regardait avec grande douceur.
Mais, qui aurait-pu regarder avec amour un être aussi effrayant ?
Pas même les sages de l’empire, bien trop inquiets pour leur propre sort, ne purent livrer cette explication rationnelle à l’empereur. Alors, ils lui mentirent.
L’empereur, tourmenté, devint de plus en plus intransigeant, de plus en plus redouté.
Pourtant, alors qu’il ne s’y attendait plus, un miracle se produisit. Il pensa avoir trouvé l’amour.
D’abord, il ne le sentit plus qu’il ne le vit.
Puis, il se tourna lentement et découvrit enfin celle qui le regardait, sans remarquer qu’elle n’était pas de chair et de sang. Il se laissa emmener là où il n’était encore jamais allé et partit si loin avec cette femme inespérée qu’il mit longtemps avant de comprendre qu’elle était seulement peinte sur un paravent de laque.
L’empereur était bouleversé. Il pensait cet amour éternel.
Mais le temps rôde et n’épargne personne, ni les mortels, ni les puissants empereurs, ni les œuvres d’art.
Les illustrations, aux pastels et crayons de couleurs, sont splendides, poétiques, aussi délicates que puissantes. Elles s’imposent, colorent et magnifient le texte, très beau également.
Voici un très bel album qui évoque des thèmes forts comme le temps qui passe, la puissance, la solitude, l’amour.
Un album qui marque.
Cécile De Ram
(30/11/20)