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Marie LEYMARIE


La fille sous cellophane


Voilà un roman court incisif, émouvant, qu’on lit d’une traite au rythme des turbulences d’une adolescente bouleversée par le suicide de sa mère.
Elissa, lycéenne, a presque 18 ans et ne supporte pas la présence d’Iris, la nouvelle compagne de son père. « Quand je rentre chez moi et que je vois ces pièces rangées et sages, je me sens une intruse. C’est ça que je ne lui pardonne pas. D’avoir fait de moi une étrangère dans ma vie. »

Elle manifeste sa souffrance et sa colère par tous les moyens possibles. Elle s’est rasé la moitié du crâne et porte un piercing. « C’est ma façon de montrer ce qu’on n’a pas le droit de voir, de dire ce qui doit se taire. Je refuse d’avoir l’air intacte. »
Elle se montre sans cesse désagréable avec son père comme avec Iris. Elle s’est complètement désintéressée de ses études, elle rate des cours et n’écoute rien quand elle est présente.

Heureusement, il y a Manon qu’elle a rencontrée quand elles étaient en troisième mais avec qui la relation ne s’est vraiment établie que l’année dernière.
« On s’est retrouvées le premier jour de première, parce qu'on était les seules à se connaître dans la classe. On est allées au café dès ce premier jour, je ne sais plus laquelle a invité l'autre, mais c'était la première fois d'une liste interminable.
Je ne compte plus les heures qu'on a passées là, derrière la vitre toujours propre, à éplucher nos vies et à écrire des rimes bancales dans les marges de nos cours. »

Manon essaie d’être plus positive mais Elissa ne veut rien entendre. Pour elle, son père a trompé sa mère avec Iris et c’est la raison de son suicide. Rien ne peut modifier cette situation. Elle éprouve à la fois de la douleur et de la peur.
« J’ai peur d’être la fille de cette femme. Cette femme qui s’est ouvert les veines. Un après-midi de Décembre. »

Au fil des pages et du temps, les lignes vont toutefois bouger, grâce à diverses rencontres et à des petits poèmes en anglais qu’elle trouve sur une table au lycée. La relation avec Manon va être orageuse mais, quelle que soit la douleur, une résilience est encore possible et son amie va faire preuve d’une patience à toute épreuve.

Ce roman, outre ses qualités littéraires, sera utile à bien des adolescents ne percevant qu’une partie de la réalité, s’enfermant dans leur malheur et refusant tout ce qui peut atténuer leur mal-être.

Serge Cabrol 
(03/07/20)    



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Jeunesse







Gallimard / Scripto

(Mai 2020)
128 pages - 8,50 €






Marie Leymarie,
né en 1974, a publié
de nombreux livres
pour la jeunesse.