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Dix nouvelles comme des épisodes épars de la vie de Dimitrina de ses trois ans à sa première vraie histoire d’amour. Elle est Bulgare, d’une famille aisée proche du pouvoir, a un frère et surtout une grande copine, Anne. La famille, les amies, l’école, les voisins, la vie du quartier, les vacances à la campagne ou dans la station balnéaire, les chorales, les défilés officiels, l’éveil à l’amour, voilà l’ordinaire qu’en quatre ou trente pages Velina Minkoff nous rapporte. Si la petite fille ou l’adolescente en est le plus souvent l’héroïne, dans Superstar ou le déménagement, les narrateurs sont cette fois des garçons de la même génération. Derrière ces scènes souvent quotidiennes et rapportées avec légèreté, pointe incidemment sans être directement abordée une réalité plus politique comme les expropriations des grandes propriétés, la foi enthousiaste ou la soumission peureuse au régime, l’interdiction du culte orthodoxe, les privilèges des apparatchiks ou la Perestroïka. Iode, la plus longue nouvelle du recueil et à mon goût personnel la plus forte, diffère quant à elle un peu du lot avec une évocation par contre très explicite des conséquences locales de l’accident de Tchernobyl par l’effet de pluies radioactives. À son exact opposé, Le grand sac noir, au tout début du recueil, va flirter en à peine cinq pages à la frontière du conte en jouant avec talent et étrangeté sur les peurs de l’enfance à partir d’un mystérieux moine orthodoxe à demi-fou. Ce n’est pas dans l’écriture fluide, ni la langue simple et humoristique avec ses recours fréquents aux lieux communs accentuant la vision enfantine ou adolescente des protagonistes, que réside ici l’originalité. Ce serait plutôt dans le positionnement pointilliste, ni nostalgique, ni démonstratif, ni politique, choisi par l’autrice, dans ce survol d’une génération charnière de Bulgarie à la veille et après la chute du mur de Berlin. Dominique Baillon-Lalande |
Sommaire Lectures Maisonneuve & Larose Hémisphères (Février 2020) 168 pages - 10 € Traduit de l'anglais et du bulgare par l'auteure avec Patrick Maurus
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