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Une drôle d’histoire que ce roman. Le récit d’évènements qui se déroulent sur quelques mois, avec les commentaires assortis sur les comportements et mœurs de trois jeunes hommes qui se retrouvent dans un manoir en Nouvelle-Zélande. Un pays qui « dépayse » ou peut paraître isolé, peut-être chaud. Mais la mer est là, omniprésente. Ce roman commence donc par les retrouvailles de trois amis, Joshua, Justin et Bradley, réunis pour aider ce dernier à retaper le manoir dans lequel ils vont tous séjourner. Ces trois camarades peuvent être paresseux à l’occasion, souvent éméchés, et, pour deux d’entre eux, passionnés de pêche. Ils sont jeunes et apparemment de caractère très différent. Alors l’analyse va s’insinuer, et les sentiments se retourner, ou se préciser, au gré des cuites, ou des parties de pêche en mer, de même que les relations avec les "filles" emmenées sur le bateau ! Les questions qui se posent peuvent nous parvenir directement ou nous revenir avec un léger recul version boomerang. Et justement celles concernant la belle Cassandra, mère d’un petit garçon, Elliot, qu’elle a eu avec Bradley, son ex-compagnon. Cassandra a, semble-t-il, une vie indépendante et quelque peu compliquée. Mais voilà qu’elle disparaît brusquement, laissant son fils, et va rester introuvable… ce qui n’est pas sans inquiéter tout le monde. Au début du roman, le premier chapitre situe le narrateur. « Je suis l’ami musicien, paumé, que la générosité de Josh accueille dans cette grande demeure d’artistes en rénovation. Et cette étiquette de vagabond bohème et arriviste me colle aux bonbons comme une tablette de Whittaker’s à son emballage un jour d’été. » Il ne sera pas le seul narrateur, mais les propos rapportés et les actes décrits ne feront que complexifier la situation. Et chacun interprètera et réagira à sa façon : L’atout majeur de ce roman est à la fois ce style libre, direct, qui traduit justement les états d’âme de ses personnages, avec ces monologues, pour nous mettre bien au diapason, et nous étonner, et cette sorte de désinvolture dans les propos, les mots. Désinvolture qui n’est sans doute qu’apparence. Car l’écriture elle-même, ambiguë, nous capte et passe de descriptions pleines d’humour à des réflexions plus aiguës jouant la banalité. Mais Paul Moracchini peut passer aussi de l’image poétique à la plus triviale évocation : « Ah ! Le bonheur de posséder un petit lavabo mural dans sa chambre ! Quand on est un homme, bien sûr. Un gentleman ! Le plaisir de se lever en pleine nuit pour y pisser un coup ; les valseuses directement collées à la céramique froide. Un simple contact qui a des allures de nature morte ou bien de haute gastronomie : Couilles chaudes sur porcelaine blanche. » Une lecture surprenante, accaparante, légère parfois ? Rien n’est moins sûr... Anne-Marie Boisson (05/10/20) |
Sommaire Lectures Buchet-Chastel (Mars 2020) 288 pages - 18 €
Découvrir sur notre site son premier roman : La fuite |
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