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Sur les bords des fleuves Niger, Imo et Benue, la vie s’est installée avec les esprits qui rôdent autour du marché. Le chi est le double d’une personne qui représente l’esprit d’un ancêtre réincarné. « On peut globalement se représenter le chi d'une personne comme son identité parallèle dans le monde des esprits, l'être spirituel qui vient compléter l'être terrestre sous sa forme humaine ; car rien n'existe seul, tout coexiste, tout a forcément son double. » (Chinua Achebe, Le Chi dans la cosmologie igbo. Cité en exergue » Chinonso élève des volailles dans la ferme de ses parents. Une nuit, alors qu’il passe en voiture, il voit une femme qui veut se jeter d’un pont. Il s’arrête et l’en empêche puis il repart. Un jour, par hasard, il revoit Ndali, la femme du pont. Une histoire d’amour naitra entre eux mais la famille de Ndali s’oppose à ce lien car Chinonso n’est pas de leur milieu social. Ils l’ont même humilié et menacé lors d’une fête d’anniversaire du père de Ndali. Il se sent si mal qu’il décide de partir à Chypre pour reprendre ses études et être à la hauteur de l’amour que lui porte Ndali. Mais rien ne va se passer comme il l’avait prévu d’autant moins que l’un de ses amis, Jamike, l’a trahi. Il se retrouve loin de chez lui, éloigné de Ndali qu’il aime toujours passionnément, et son nouvel environnement deviendra de plus en plus hostile. Beaucoup d’évènements dramatiques s’enchaînent pour Chinonso avant son retour au Nigeria. Son chi nous informe toujours de ses pensées et de ses mésaventures avec une dimension philosophique et humaine qui pousse à la réflexion sur la vie, ses désirs, ses échecs, ses espoirs… « Ne te lamente pas. Car dans la société igbo le chagrin n'a pas le droit de s'épanouir. On le traite comme un dangereux voleur que toute la communauté doit chasser à coups de gourdin, de bâton et de machette. Ainsi, lorsqu'une personne subit une perte ou un deuil, amis, famille et voisins s'assemblent dans le seul but de l'empêcher de céder au chagrin. » C’est un roman très puissant sur un homme qui traverse de nombreuses épreuves tout au long de sa vie. Comment résister au malheur, à l’humiliation, à la déception amoureuse, à la trahison, à la violence ? Est-ce possible ou pas ? L’intervention du chi est très intéressante car elle révèle un fonctionnement tout à fait particulier du rôle des esprits. L’auteur s’exprime sur ses intentions en fin d’ouvrage : « La Prière des oiseaux est un roman qui s'enracine dans la cosmologie igbo, système complexe de croyances et de traditions qui guidait autrefois mon peuple, et qui pour une part continue de le guider. Puisque c'est dans cette culture que je situe ma fiction, des lecteurs curieux peuvent être tentés d'en explorer la cosmologie, et notamment le concept de chi. Je dois donc réaffirmer, comme le fait Chinua Achebe dans son essai sur le chi auquel j'emprunte l'une de mes épigraphes, que "ce que j'entreprends ici n'est pas de combler une méconnaissance, mais d'attirer l'attention sur elle, en homme dont l'amour premier est la littérature, et non la religion, la philosophie ou la linguistique". » Le thème de la réincarnation est aussi présent au fil des pages. Nous plongeons dans un univers où se mêlent réalité, spiritualité et croyances. Nous accompagnons Nonso et son Chi durant de nombreuses années dans un roman chargé de nombreuses émotions et rebondissements. Brigitte Aubonnet (27/04/20) |
Sommaire Lectures Buchet-Chastel (Janvier 2020) 528 pages – 25 € Version numérique 16,99 € Traduit de l’anglais (Nigeria) par Serge Chauvin
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