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Hatoko, la narratrice, est une jeune femme pleine de vie et d’énergie, intelligente et généreuse. Quand s’ouvre le roman, elle vient de se marier avec Mitsurô dont la première épouse, Miyuki, est morte dans un accident après la naissance de leur fille Haruna, surnommée QP, qui a maintenant six ans. Hatoko a hérité d’une petite boutique où elle vend de la papeterie et exerce le métier d’écrivain public. La calligraphie joue un rôle important dans sa vie et elle va pouvoir y initier QP comme sa grand-mère l’a initiée elle-même. Mais d’une façon différente. Hatoko n’a jamais connu ses parents et a été élevée par sa grand-mère maternelle, qu’elle appelait l’Aînée, une femme très sévère. « Aller jusqu'au bout de ses décisions, c'était sa philosophie de vie. Sans doute avait-elle décidé, devant le nourrisson que j’étais, de m’élever strictement. Et elle avait tenu sa promesse jusqu'à la fin. C'était sa façon de me montrer son amour, en faisant de moi quelqu'un capable de vivre seul. Parce que si elle était venue à disparaître, il n'y aurait plus eu personne pour m'aider. Je devais être en mesure de me débrouiller toute seule dans cette éventualité ; c'était la raison de sa sévérité. » Au fil des chapitres, nous voyons aussi Hatoko exercer son métier dans des conditions parfois étranges. L’essentiel du roman réside toutefois dans cette vie de famille qui se construit entre la jeune femme, son mari et la petite fille. Il faut apprendre à vivre ensemble et partager toutes les traditions qui occupent une grande place dans la culture japonaise. La préparation du thé et des repas, le respect des rites, les visites aux temples et aux sanctuaires où l’on dépose des offrandes… La rencontre avec la famille de Mitsurô dans l’île de Shikoku constitue aussi un très beau chapitre. Hatoko en apprend un peu plus sur Miyuki, la première épouse, dont Mitsurô, par délicatesse, parle très peu. Hatoko comprend aussi un peu mieux les attitudes sévères de sa grand-mère grâce à une correspondance que l’Aînée a entretenue pendant longtemps avec Shizuko, une amie partie en Italie. C’est le fils de Shizuko qui a remis les lettres à Hatoko. Ogawa Ito nous offre ainsi un roman tendre et émouvant, un livre précieux pour les amateurs de culture japonaise et de calligraphie (toutes les lettres et tous les exercices sont reproduits dans l’ouvrage) et plus largement, pour tous ceux qui seraient curieux de les découvrir. Un agréable voyage au Japon en compagnie d’une narratrice dynamique et déterminée. Serge Cabrol |
Sommaire Lectures Picquier (Août 2020) 288 pages – 19 € Traduit du japonais par Myriam Dartois-Ako
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