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C’est Djamil, l’un des deux garçons, qui prend la plume pour écrire à Nadji, son amour de jeunesse, et revivre tout leur parcours, merveilleux et dramatique, depuis leur première rencontre jusqu’à ce que la mort les sépare. « Voilà comment je vais intituler mon histoire : Les Garçons de la douleur ! Le titre Les Garçons de l'amour n'est certainement pas celui qui convient pour une histoire si chargée de violence et de souffrance. Je pourrais tout aussi bien écrire : Les Garçons de la mort. Oui, c'est bien celui que je choisis, puisque toi, le personnage central de ce récit, tu es mort. Même si personnellement je ne t'ai pas vu mourir, ni entendu quoi que ce soit au sujet de ta mort. Pourtant, je sais que tu es mort et que c'est moi qui t'ai tué. J'étais maudit depuis ma jeunesse, condamné à tuer l'objet de mon amour puis à être persécuté tout au long de ma vie par son image sous les formes les plus variées, hanté par ce souvenir : c'est moi qui t'ai entraîné dans la mort, avec amour et avec le sourire. » C’est cette culpabilité qui pousse Djamil à écrire, le sentiment d’avoir entraîné son ami dans une histoire interdite et dangereuse, qui ne pouvait mener qu’à la mort. Mais au fil du récit, on voit que l’amour était réciproque, dès le début, et qu’aucun des deux n’est plus responsable que l’autre de la fin tragique de leur aventure. Ce sont les circonstances, les événements, la situation du pays, la folie des hommes qui ont malmené leur amour comme une barque entraînée par la crue d’une rivière devenue un tumultueux torrent emportant tout sur son passage. C’est au bord d’un fleuve que leur histoire commence dans un petit village près de la frontière irakienne. Les deux garçons n’ont pas le même statut social. Au fil de leur aventure, ils font de nombreuses rencontres, parfois lumineuses comme Georges qui les emploie dans son élevage de porcs (mal vu par les mollahs !), Amrollah Khan qui donne des cours de violon à Nadji, Souren qui dirige une imprimerie communiste et d’autres encore, mais certaines rencontres sont beaucoup plus sombres et menaçantes, avec des hommes violents, ouvertement homophobes mais frustrés sexuellement, attirés par les jolis garçons et capables de viol. Ghazi Rabihavi a vécu cette période tourmentée de l’histoire iranienne. Il a été incarcéré, interdit de publication et poussé à l’exil. Son roman, documenté et réaliste, décrit avec beaucoup de précision et de passion le parcours de ces deux garçons ballotés, secoués, violentés par une société tiraillée entre rigueur morale et frustration sexuelle, traquant la moindre parcelle de liberté individuelle pour l’éradiquer au nom de la pureté divine, une société où les corps et les sentiments doivent être cachés pour ne pas offenser le regard des hommes pieux. Serge Cabrol (08/10/20) |
Sommaire Lectures Serge Safran (Août 2020) 432 pages - 23,90 € Version numérique 12,99 € Traduit du persan et présenté par Christophe Balaÿ
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