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Ce grand voyageur a vécu la contradiction qu’il soulève dès le début du livre : « Après cinq années d'errance, j'ai passé cinq autres années à apprendre comment tenir en place. Ces deux manières de voir le monde – la bougeotte et l'enracinement – possèdent chacune des vertus. […] Je crois qu'il existe en nous deux désirs contraires ; le besoin d'explorer, de découvrir constamment du nouveau et le besoin de comprendre, de connaître un endroit intimement et de s'y sentir enraciné, d’avoir l’impression d'en faire partie. » Il aime voyager seul et en dehors des sentiers balisés. « J'ai décidé quant à moi de partir de mon côté et de suivre un sentier plus petit, montant jusqu'aux landes vierges de toute piste, qui tapissent les hauteurs au-dessus des bois. Non pas parce que je voulais éviter la foule – il n'y avait personne d'autre que moi – mais, partout où la chose est possible, je préfère suivre mon propre chemin, trouver ma propre voie. De toute façon, j'ai, semble-t-il, la fâcheuse habitude de m'égarer hors des pistes, où que je sois. Je passe peut-être trop de temps à observer les oiseaux et pas un seul instant à regarder où je vais. Qui sait s’il n'y a pas chez moi un désir secret de me perdre, de sentir que je vis dans un monde où il est encore possible de se perdre tout à fait ? » Et l'on se perd avec le narrateur dans cette aventure qui est aussi une sorte de long chant d'adieu au plaisir immense de vagabonder selon son bon plaisir dans des endroits encore très sauvages car avec l’âge, la surdité de Neil Ansell s'aggrave et lui qui adore et connaît tous les oiseaux qu'il rencontre dans ce voyage est obligés de dire adieu aux chants de beaucoup d'entre eux. Alors quel plaisir pour le lecteur de voir ce qu'a vu cet étonnant voyageur qui ne fait pas de la distance à parcourir une de ses préoccupations – « Je ne compte pas les kilomètres parcourus, je ne me fixe aucun objectif ; pas de sommet à conquérir, de cibles à toucher. Je sais que beaucoup de gens aiment affronter le monde naturel comme s'il s'agissait d'une lutte sportive, d'un défi personnel, mais moi je suis plus intéressé par la qualité, la profondeur de l'expérience, plutôt que par son aspect quantitatif » – et il nous donne à voir dans l'enchevêtrement des lochs et des montagnes qui les entourent de magnifiques spectacles de phoques, de dauphins se gobergeant dans l'eau, de vols majestueux de pygargues, de rassemblement étrange de chevreuils, et de loutre fendant l'eau comme un oiseau le ciel, au soleil couchant. À un moment, Neil Ansell nous dit qu'il se sent vivant. En le lisant, nous aussi. Merci. Sylvie Lansade (06/08/21) |
Sommaire Lectures Hoëbeke Étonnants voyageurs (Février 2021) 224 pages - 20 € Traduit de l'anglais par Béatrice VIERNE
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