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Éric CHASSEFIÈRE

L’Immédiat de Vivre


Le voilà seul face à lui-même dans ce lieu
de la vérité des mots. Lumière et silence
y règnent sur ses journées, dans l’été,
du petit jardin de mémoire…

 

                Les mots sont simples, presque discrets, dans ce recueil d’un peu plus de cent vingt poèmes en prose, mais rendus intenses, forts, pour mieux dire la présence au monde, chanter les petits riens de l’environnement,  par l’auteur, installé dans une maison dans le sud, en bord de mer. « Au matin, le ciel est infini. J’ouvre la fenêtre. Il y a les toits, le ciel plus clair vers le fond au tranchant de l’ardoise, le chat, tous sens en éveil, humant l’air frais, allongeant, en appui contre le mur, son corps dans la direction du souffle. J’écoute les voix dans la rue, tous ces sons familiers qui, ensemble dans l’espace dilué de l’ouïe, font rumeur. J’aime ainsi, au-dessus des choses, fenêtre entrouverte sur nuit et silence des toits découpant le bleu lumineux, entendre la ville… » Ou, « Nageant dans cette eau fraîche et dure, n’être que présence au monde, retrouver l’immédiateté de ses joies d’enfant, quand chemins et nuits mêlés forment l’unique promesse du matin… »

                Le recueil progresse de la solitude de l’homme à la petite musique du vivre ensemble, en sept parties dont les titres, à eux seuls, sont évocateurs : Dans la langue écrite du seuil, Embrassement de l’éclaircie, Les mots noirs, La présence éparpillée, D’une fenêtre haute, Les mots du corps, Le partage de la musique, Quand le ciel devient arbre, Toute cette cendre des instants

                Les poèmes : Entendre la lumière, Dans l’été de silence, Dans le chaos du corps ancien, L’horizon du corps, Dans une fenêtre absente sont comme un deuil accepté grâce à la nature, une renaissance grâce à l’environnement. Pour arriver à cet accord, « Rester là longtemps, s’apercevoir qu’on n’est pas seul, qu’une chèvre couleur d’ombre broute au fond du champ, prendre plaisir à cette communion de vies, l’une ombre de l’autre, on ne sait laquelle, se laisser effacer par la musique du vent dans les arbres. » Être présent simplement.

                De beaux poèmes où l’on entend les paroles du matin, celles du vent,  de l’arbre, où l’on retrouve la joie de la présence immédiate à une fleur, à l’eau,  à la mer, aux autres, à la musique de la rumeur urbaine…, au frissonnement des éléments du vivant.

Michel Lansade 
(28/01/21)    



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Poésie








Sémaphore

Collection Arcane
144 pages – 15 €