L’auteur livre ici une page de l’histoire de son père, lorsqu’il était enfant.
En ce 10 mai 1940, alors que la famille de Maurice s’attendait à une invasion allemande proche, l’affolement règne. Il faut partir, et vite, fuir devant les nazis.
Ils abandonnent précipitamment leur maison et sautent dans un train censé les mener à Paris. Le convoi, détourné à cause des combats, les fait descendre dans un petit village français dont ils ne savent rien. C’est dans un château abandonné qu’ils vont passer cette nuit d’exil, la première d’une longue série.
Après quelques semaines, ils sont contraints de repartir et arrivent à Pau, en zone libre. La famille peut alors reprendre un semblant de vie ordinaire. Maurice, qui rêve d’être avocat, travaille dur.
Mais la police fait à nouveau parler d’elle, obligeant la famille à fuir encore. C’est à bord d’un bateau qu’ils s’exilent vers la Jamaïque. Un voyage de plus de deux semaines, éprouvant et anxiogène au terme duquel  ils vont vivre dans un camp de réfugiés. Maurice va y faire des rencontres déterminantes pour la suite de sa vie.

Maurice, le personnage principal de l’histoire, est également le narrateur. C’est avec toute son insouciance et sa candeur d’enfant qu’il raconte sa guerre, son ressenti, sa vision des événements, sa famille.
Le parcours de ce jeune garçon est une véritable leçon de vie. En dépit du contexte difficile, il s’accroche à son rêve, refusant de se laisser décourager par les obstacles, n’écoutant que son cœur et la devise paternelle : « Un problème après l’autre. »

Le livre, bien qu’évoquant une période très sombre de l’Histoire, est plein d’espoir, d’amour, de solidarité et d’énergie positive.
Les illustrations, aquarellées, aux couleurs douces, sont fines et expressives, très réussies.

Voici un bel album BD, émouvant, pour aborder simplement et humainement la question des réfugiés, un phénomène plus actuel que jamais. 

Cécile De Ram 
(21/10/21)