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« Le fantastique, selon Todorov, c’est l’hésitation éprouvée par un être qui ne connaît que les lois naturelles, face à un événement en apparence surnaturel ». Le narrateur de Faust à la plage, quinquagénaire épris de silence, un peu blasé, parfois misanthrope, va vivre cette expérience, et ce, quasi naturellement : lorsqu’un individu, habillé avec une élégance surannée, va proposer lui de lui faciliter, dans un premier temps, la vie quotidienne, en lui résolvant comme par magie les tracas des factures, le personnage accepte spontanément, cette évidence surnaturelle à ses côtés. Or, nous le savons depuis Faust, tout pacte diabolique, n’est jamais sans conséquence. C’est exactement ce que va vivre le narrateur, mais sur un mode plus léger, entraîné entre propositions d’acheter une villa en Normandie et rencontre amoureuse… le diable et moi étions venus sur la côte normande, c’était pour qu’il puisse y satisfaire tous mes désirs. Par conséquent, il fallait que j’en aie. […] Que désirer, c’était là la question. C’est peut-être là que le récit vacille : ainsi, outre la question du fantastique, abordée avec humour, l’auteur pose la question centrale du désir, puis celle, corollaire, de la liberté. Que peut-on désirer surtout quand on peut tout obtenir ? Cette interrogation soulève inévitablement, celle du sens de l’existence : Avoir tout à sa portée rend-il plus heureux et comblé ? En quoi la vie s’en trouve-t-elle plus intense ? Le récit devient alors parabole et amène le lecteur à réfléchir, comme si ce pacte pouvait être à notre portée... L’originalité de l’auteur réside sans doute dans la façon de suggérer que les désirs, factices ou naturels, du personnage sont empreints d’une forme de mélancolie triste, de détachement et d’autodérision face à un monde qui pourrait tout offrir. Pierre Ahnne, revisite donc le récit fantastique, un des genres littéraires les plus en vogue au XIXème siècle – les allusions sont parfois des clins d’œil à Maupassant ou Goethe – mais non sans humour il nous amène, avec beaucoup d’élégance, à nous interroger. Comme dans son précédent son roman, « J’ai des blancs », il nous livre une vision de la vie, parfois ironique et distanciée : la simplicité, apparente du récit, spirituel, n’élude pas pour autant des questions existentielles universelles. Sylvie Legendre-Torcolacci |
Sommaire Lectures Vendémiaire (Octobre 2022) 132 pages - 18 €
Visiter le blog de l'auteur : http://pierreahnne. eklablog.fr Découvrir sur notre site le précédent roman de Pierre Ahnne : J'ai des blancs |
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