Les copeaux d’un crayon de bois que l’on taille tombe doucement, s’accumulent telles les feuilles d’un arbre sur une ramure nue.
Un arbre, puis un autre, et encore un autre. Arbres au tronc grêle ou au port majestueux ; arbres aux silhouettes variées ; arbres au feuillage brun, vert, roux. Feuillus et résineux colonisent la double page. La forêt s’épaissit, de plus en plus. Paisible, elle est vivante et regorge de sangliers, renards, cerfs, écureuils, oiseaux, lapins et autres animaux.
Quel est ce vent qui souffle soudain, animant la dense végétation et faisant s’envoler tous les oiseaux ? Les arbres tombent un à un, coupés à la base.
Un camion emmène le bois tronçonné laissant derrière lui un nuage de fumée et des oiseaux perdus qui cherchent leur forêt. Il roule vers la ville, grise et polluée ; il roule vers l’usine.
Les beaux troncs sont tranchés, sciés, réduits en petits bâtons à leur tour colorés et triés. Des milliers de crayons aux multiples couleurs.
Une fillette en achète et, avec patience et application, ramure après ramure, feuille à feuille, redonne vie aux troncs mutilés. Les animaux reviennent et la vie peut recommencer.
Le livre est l’occasion, notamment avec les plus jeunes, d’oraliser les arbres (leurs couleurs, leurs formes, leur structure), les animaux également.
Sans texte, il donne à réfléchir sur notre empreinte écologique, le place que nous laissons à la nature. Il met également en lumière la puissance de l’imaginaire et l’importance de se réinventer.
Voici un bel album, singulier, subtil et fort à la fois, plein de délicatesse et de vie.
Cécile De Ram
(03/10/22)