Tout se passe bien pour Allan qui est un enfant heureux. Chez sa grand-mère, il s’invente des histoires quand il joue dans son jardin. Mais un jour, tout s’arrête et Allan perd le goût de vivre, il ne trouve plus plaisir à rien.

« Elle n'aimait pas dramatiser, ma mère. Elle pensait que c'était normal d'avoir des coups de moins bien dans la vie. Et elle avait raison. Sauf que, cette fois, ça s'est éternisé. J'étais plus du tout le même. Au bout d'un petit moment, j'ai plus parlé à personne, même pas à ma grand-mère. Enfin, pas beaucoup, quoi. »

Entre les chapitres fictionnels, s’intercale une analyse psychologique qui explique ce qui se passe pour Allan : « Alors, comme beaucoup d'enfants, Allan utilise un langage métaphorique : "Le petit chat a disparu. Et le tigre en colère s'est installé dans mon ventre." Cela signifie pour lui qu'au lieu de ressentir le monde comme un petit chat insouciant et joueur, il ressent une douleur très intense, qui le blesse, telle une douleur infligée par un tigre féroce et menaçant sa vie. Il exprime en fait avec ses mots d'enfant ce qu'un adulte appellerait une angoisse massive. » 

Peu à peu, cela va de moins en moins bien, Allan parle à peine, il ne peut plus aller en classe, tout se délite autour de lui. Il n’arrive pas à surmonter ses angoisses symbolisées par un tigre qui rugit. Il se coupe de tout le monde et se renferme sur lui-même. Ses parents ne le comprennent pas, ses copains non plus et il devient la cible d’un harcèlement.
Il retrouvera un peu de bonheur grâce à sa rencontre avec Asma mais cela aura du mal à durer. Travailler avec un jardinier, qui lui aussi parle peu, jouera un rôle déterminant.
De nombreuses étapes seront nécessaires pour permettre à Allan de dompter son tigre. Nous découvrirons le trauma qu’il a subi et s’est insinué en lui en perturbant toute sa vie.

Le roman et les explications du psychiatre sont très riches et nous permettent de comprendre un fonctionnement psychologique qui désarme à la fois Allan et son entourage face à un trauma qui a été caché pendant des années. Le rôle de la parole et la possibilité de parler de ce qui a été vécu est essentiel mais parfois très difficile.

C’est un ouvrage qui pourra aider de nombreux jeunes et parents confrontés à ce douloureux vécu.  

Brigitte Aubonnet 
(23/11/22)