Le narrateur nous raconte ici un souvenir d’enfance chargé d’émotion.
Alors qu’il a sept ans, il part un matin brumeux avec son grand-père en direction de la prairie pour y faucher l’herbe destinée à nourrir les bêtes.
Calé dans la charrette poussée par l’aïeul, il se laisse porter par la nature qui s’éclaire progressivement et la voix du vieil homme qui chante une drôle de chanson.
La mélodie était tout sauf nouvelle ;
elle semblait provenir de temps très anciens.
Sa cadence était aussi lente que la voix de grand-père
était pleine de mélancolie : voyageant sans entrave
à travers les champs. La mélopée faisait vibrer l’air
et onduler les dernières traînées de brouillard.
L’atmosphère est un peu étrange, chargée du passé. L’enfant perçoit peut-être déjà que cet instant restera gravé dans sa mémoire.
Une fois arrivés, le jeune garçon apprend à faucher l’herbe puis s’endort tandis que son pépé finit le travail. Au retour de cette journée bien remplie, le grand-père pousse la charrette lourdement chargée, son petit-fils l’aide en la tirant devant.
Un très fort coup de vent va soudainement les mettre à l’épreuve. Une épreuve difficile et anxiogène qu’ils vont vaillamment traverser grâce notamment au courage du petit garçon.
Après la bourrasque, le chargement s’est envolé, mais il reste à l’homme et au jeune garçon, indemnes, la vie et la satisfaction d’être ensemble.
Cette journée, initialement faite de moments de la vie courante, va, avec le vent, prendre une teinte particulière pour l’enfant et, à la lueur des souvenirs, devenir inoubliable.
Le récit, beau, net et précis, est basé sur un souvenir autobiographique de l’auteur. Et quel auteur ! Mo Yan est en effet prix Nobel de littérature 2012. Il nous dit que lorsqu’on est dans l’œil du cyclone, il faut faire face, se battre et ne pas perdre courage ; on en ressort grandi.
Le livre évoque également les liens familiaux, l’expérience de la vie (aussi rude que douce) ainsi que la transmission.
Les illustrations, réalisées à la peinture, sont très réussies. Elles donnent à voir les liens forts qui existent entre l’homme et l’enfant, la dignité dont ils font preuve ensemble contre ce vent qui semble vouloir tout anéantir.
Une double page, à lire verticalement, projette le lecteur au cœur de la tempête, au plus près de l’effort des valeureux personnages.
Voici un bel album pour mettre à portée des plus jeunes des valeurs très fortes.
Cécile De Ram
(26/10/22)