Yaël, comme toutes les écolières et tous les écoliers de son âge, a un cartable. Dans sa chambre, sur son bureau, il y a du matériel scolaire, tout un tas de petits trésors convoités par Docteur, son doudou : de la colle, des cahiers, un taille-crayon et même…un stylo quatre couleurs. Docteur adorerait se servir de tout cela. Il voudrait aller à l’école mais Yaël n’est pas d’accord.
Si elle emportait son doudou en classe quand elle était petite, c’est uniquement parce que c’était à l’école maternelle. Maintenant, c’est fini, elle est en élémentaire et l’école n’est pas faite pour accueillir les doudous ; l’école est faite pour grandir.
Yaël a pourtant une idée qui lui permettrait de ne pas abandonner complètement son doudou tout en n’apportant pas avec elle à l’école un objet nauséabond qui laisserait penser qu’elle est encore petite.

– Je vais rester bête toute la vie, parce que je ne vais pas à l’école !!!
– Ne pleure pas Docteur. J’ai trouvé ! Je vais te faire l’école des doudous.
– Oh oui ! Fais-moi l’école !

Les échanges entre la fillette et son doudou sont l’occasion d’aborder un sujet de taille pour les petits : la place du doudou à l’école. Entre le désir de grandir et celui de garder son doudou toute la journée contre soi, le choix est parfois cornélien.
Prendre conscience que la place du doudou n’est pas à l’école aide sans doute à séparer la sphère personnelle d’un l’espace commun, public, qu’est l’école.

Le livre, entre album et BD, soulève une question philosophique essentielle : qu’est-ce que grandir ?
Mais bien d’autres sujets sont abordés ici : L’école est-elle utile ? Ceux qui ne vont pas à l’école sont-ils bêtes ?

Les illustrations, aux tons pastel, sont expressives et amusantes.

Voici un livre plein d’espièglerie et de vivacité pour s’interroger et grandir.

Cécile De Ram 
(31/10/22)