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« Sans doute le présent n'est que l'encre de la mémoire, mais une encre émerveillée avec laquelle on peut relier une vitre à la patte d'un oiseau, la paille avec un éparpillement d'étoiles. » Cette phrase, issue de la Lettre qui ouvre le livre, laisse entrevoir quelques éléments du cheminement du poète – l’encre, la mémoire, l’émerveillement, l’oiseau, la paille, les étoiles – que nous retrouverons au fil des pages et d’un vagabondage très sensible aux territoires qu’il traverse. Le livre comprend quatre recueils. Le premier, qui donne son titre à l’ensemble, Ballade du vent et du roseau, nous emmène marcher à ses côtés, loin des villes, en pleine nature, observer les détails du quotidien, les cailloux, les animaux ou les plantes, le ciel et les nuages, sous le soleil ou la pluie, et ressentir avec lui les émotions qui l’envahissent, la tristesse surtout quand tout disparaît noyé par l’averse. Mais pas de désespoir. Toujours le plaisir, le besoin de marcher, regarder, ressentir. Avec ce petit décalage qui fait sourire et réfléchir, un peu à la manière de Prévert : Un décalage qui vacille parfois entre la logique et l’absurde, l’humour et l’espièglerie. Le deuxième recueil, Chemins cousus sur des ombres, est un poème d’amour. Après cette déclaration à la mystérieuse aimée, on peut lire un vagabondage sur la pensée, la métaphysique, l’absence de frontière entre le rêve et le réel, non sous forme d’essai ou de réflexion ardue mais dans les petits gestes du quotidien comme lacer ses chaussures, fermer ses volets ou tourner une clé dans une serrure. « Après tout ma pensée n'est qu'un trousseau de clés / qui ne s'accorde à aucune porte ». Ce deuxième recueil se termine sur une évocation de la mort, de la sienne, de celle des autres, de ses parents, de la légèreté de sa propre disparition qui ne changera pas la face du monde. Pour compléter le présent ouvrage, Paysages dans la neige et Le livre des transparences et des petites insoumissions sont des rééditions de recueils parus il y a plus de vingt et qu’il est intéressant de retrouver ici. Cette poésie de vagabond solitaire fait apparaître en creux l’absurdité d’un monde plein de normes et de conventions, un monde de l’urgence et de l’agitation, où l’on oublie de contempler la nature qui nous encoure, de laisser jouer notre pensée en liberté, d’emmêler avec plaisir la logique et l’absurde, le rêve et le réel. Christian Viguié rappelle l’existence et la persistance en chacun de nous de l’enfant qui est né, qui a grandi, qui a appris, mais qui ne doit pas cesser de s’émerveiller, de s’émouvoir, de continuer à apprécier la simplicité naturelle du monde derrière les apparences du confort et de la modernité. Tout n’est pas imposé, on peut réfléchir à d’autres choix… Serge Cabrol |
sommaire Poésie La Table Ronde (Mars 2022) 224 pages - 18 € Version numérique 12,99 €
Bio-bibliographie sur Wikipédia Retrouver sur notre site un entretien avec Christian Viguié (Février 2008) |
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