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Huit nouvelles courtes où cinq narratrices et trois narrateurs, confrontés à un choix déterminant pour leur avenir personnel ou professionnel, hésitent, par pudeur, timidité, peur de l’erreur ou crainte des conséquences, à quitter leur zone de confort. Alice, enseignante de cinquante ans aux aspirations inassouvies d’écriture, part en Grèce sur un coup de tête sans prévenir son établissement, ni la maison de retraite où vit sa mère atteinte d’Alzheimer, ni sa fille déjà adulte. Elle a aussi éteint son téléphone portable pour ne pas être dérangée. Est-ce une simple fugue, la manifestation d’un burn-out ou le besoin de reprendre sa vie en main ? Si elle-même ne le sait pas vraiment, une rencontre de hasard pourrait bien lui souffler la réponse. Femmes ou hommes, jeunes ou vieux, valides ou handicapés, les personnages sont dans Je ne dis jamais non nombreux à se croiser. La narratrice ou le narrateur de chaque nouvelle a souvent une ou un comparse comme Sylvie la meilleure amie de Catherine dans Zone de confort, Jenny pour Kevin dans Single, Clara pour Louise dans La prudence de la crevette... Mais ce n’est pas ce proche mais un personnage extérieur ou les circonstances qui vont faire sortir les protagonistes de leur zone de confort et serviront de révélateur aux personnages dont le récit, à la première ou à la troisième personne mais toujours partiellement introspectif, nous permettra de pénétrer directement l’intimité. L’écriture fluide, humoristique ou tendre de ces récits courts et vifs permet à Agnès Dumont de camper en quelques phrases non le physique de ses personnages ici accessoire mais leur caractère, en nous les rendant rapidement familiers tout en leur conférant une dimension universelle. La diversité des narrateurs et des situations permet à l’autrice d’éviter toute redite ou uniformité sans nuire à la cohérence du recueil et en renouvelant ainsi constamment l’intérêt du lecteur. Si chaque nouvelle fait écho en la complétant à la même problématique selon la même dynamique (se fondre dans la masse et parallèlement se replier sur soi et s’enfermer dans une zone de confort pour, dans ce positionnement d’éternel spectateur en marge de la vie, oser soudain braver les doutes et la peur pour affronter le regard d’autrui, entrer dans le jeu et en devenir acteur), chaque nouvelle construite autour d’une personnalité originale à l’histoire singulière y ajoute sa propre note de drôlerie, de mystère ou d’émotion. L’occasion aussi pour l’autrice d’y glisser des thématiques très actuelles comme les liens toxiques entre sexualité et subordination en entreprise, le désir ou non d’enfant, le besoin de trouver un sens à son travail, l’importance de se connaître soi-même et de bien habiter son corps, l’apport personnel du bénévolat qui permet d’être à la fois utile aux autres et à soi-même et plus généralement celles du vieillissement, de l’exclusion et de la solitude. Fort paradoxalement, et c’est là le tour de force d’Agnès Dumont, ce recueil centré sur la difficulté à s’affirmer face aux autres et de trouver sa place dans la société, n’a rien de démoralisant. La bonne humeur, l’énergie, l’humour et la tendresse que l’autrice insuffle si généreusement et malicieusement dans ces tranches de vie, son goût prononcé pour les fins suspendues laissant entrevoir un espoir possible ou les chutes surprenantes et résolument positives, ont vite fait d’abattre les murs dans lesquels les personnages s’enfermaient et d’ajouter des couleurs et des sourires à leur avenir et à ces nouvelles. Le cheminement entre la première phrase du recueil « Elle peut mourir tranquille » et la toute dernière « Un bon point de départ pour commencer une nouvelle vie » en est une parfaite illustration. Un antidépresseur respectueux de la santé et efficace. Dominique Baillon-Lalande (30/01/23) |
Sommaire Lectures ![]() Quadrature (Décembre 2022) 126 pages - 16 € Version numérique 9,99 €
Découvrir sur notre site d'autres recueils d'Agnès Dumont : Mola mola À qui se fier ? |
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